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21 Nov 2017 | L'Info, Pression normative
 

Et si la ministre de la Santé avait réagi trop vite en répondant positivement à l’interpellation de la sénatrice socialiste de la Sarthe, Nadine Grelet-Certenais, visant à une interdiction de la présence de tabac et de fumeurs dans la production cinématographique (voir Lmdt des 17 et 20 novembre).

•• Agnés Buzyn s’était plutôt bien sortie, jusqu’à maintenant, du débat sur le paquet de 20 cigarettes à 10 euros – en (relative) discussion ces jours-ci au Parlement (voir Lmdt du 16 novembre) – et remplissait parfaitement les requis de sa présence dans le casting gouvernemental : une « marcheuse » faisant le job, avenante devant les médias et assumant des décisions porteuses de l’image d’une certaine détermination.

Patatras. La polémique actuelle l’envoie dans les cordes de la censure au cinéma et de l’entrave à la création artistique. Jamais bon pour la bonne réputation.

•• D’ailleurs, la ministre a dû immédiatement s’en rendre compte. Elle s’est vite retournée vers sa collègue de la Culture qui n’a pas encore réagi.

Interrogée sur le sujet, par un autre parlementaire cet été, Françoise Nyssen avait l’air d’estimer que l’on ne pouvait interdire le tabac dans le cinéma. Tant au nom de « la liberté de création qui est une liberté fondamentale » que pour respecter « l’esprit et la lettre » de la loi Évin (voir Lmdt du 19 juillet).

•• Reste que la polémique rebondit (voir sur le site Nous sommes 13 millions de fumeurs adultes et responsables : lien).

La Ligue contre le Cancer estime que 7 nouveaux films sur 10 comprennent des passages où l’on fume, en oubliant de préciser que ces images-là sont souvent fugaces. Le professeur Robert Hirsch en est à vouloir établir un distinguo entre œuvres classiques et nouveaux films. Du n’importe quoi sur grand écran.

•• Dans les médias, le sujet fait moult débats. Mais les conclusions ne sont guère sympathiques pour la ministre.

Le plus hallucinant étant que cette mesure d’interdiction du tabac dans les films a eu lieu dans un pays qui vient d’adopter le paquet neutre. En termes de « dénormalisation du tabac », cela devait être suffisant pour tout changer nous avait-t-on asséné.  Encore un pari perdu pour les tenants d’une politique anti-tabac radicale.

Il est vrai que les films d’horreur font moins recettes.