Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
1 Mar 2019 | Profession
 

Nous reprenons ci-dessous l’analyse de Marie-Josée Cougard dans Les Échos de ce jour sur l’augmentation des prix du 1er mars (voir Lmdt du 28 février).

« Nouvelle hausse des taxes sur le tabac ce vendredi. En conséquence, le prix du paquet de cigarettes va s’approcher des 9 euros pour les plus chères d’entre elles. Et pour ceux qui rechignent à la dépense, il faudra au moins compter 8,20 euros. « Sur un an, ces hausses représentent près de l’équivalent d’un smic pour un fumeur régulier », affirme le groupe Japan Tobacco International (JTI).

•• Les cigarettiers répercuteront cette fois la totalité de l’augmentation de 50 centimes des taxes décidée par le gouvernement pour lutter contre le tabagisme. Ce qu’ils n’avaient pas tous fait en mars 2018, lorsque les taxes avaient augmenté de 1 euro, afin d’éviter une trop forte baisse de la consommation.

Mais ce n’est pas fini. Trois autres hausses suivront, en novembre, puis en mars et en novembre 2020 pour les deux dernières, l’objectif étant d’atteindre un seuil psychologique de 10 euros le paquet à cette échéance.

•• Le gouvernement table sur un surcroît de rentrées fiscales de 400 millions d’euros en 2019, dont 25 millions iront abonder les caisses de la Sécurité sociale. Le tabac rapporte près de 15 milliards d’euros au Trésor, sachant que 82 % du prix d’un paquet de cigarettes va à l’État.

•• Tous les groupes de tabac ont décidé de répercuter 100 % de la hausse des taxes, mais certains iront plus loin en majorant leurs prix de 60 centimes, voire 70 centimes. Le résultat d’un savant calcul.

Chez British American Tobacco, on explique que les cigarettiers ajustent leurs prix à la hausse des taxes selon qu’ils souhaitent gagner des parts de marché ou plutôt améliorer leur rentabilité.

Les Marlboro rouges du groupe américain Philip Morris, ont ainsi choisi d’augmenter leur prix de 60 centimes, ce qui portera le paquet à 8,80 euros.

Son concurrent BAT va au-delà en majorant de 70 centimes les Dunhill et de 60 centimes les Camel. Sur Vogue et Lucky Strike, la hausse se limite à 50 centimes. Les Gauloises de Imperial Tobacco passent de 8 à 8,50 euros.

•• Les industriels du tabac dénoncent unanimement l’effet pervers de « l’alourdissement de la fiscalité sur les cigarettes, qui ne réduit pas le tabagisme ». Cette stratégie diminue les ventes des buralistes – 10 % en 2018 -, mais elle augmente les achats transfrontaliers et le commerce parallèle.

BAT cite l’étude de KPMG, selon laquelle 26 % des cigarettes fumées en France sont désormais achetées hors des bureaux de tabac nationaux. 

« Il n’y a aucune garantie de l’impact sur la consommation réelle », souligne JTI, qui réclame un moratoire fiscal afin de mesurer cet impact.»