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9 Oct 2017 | Profession
 

« Emmanuel Macron est décidé à engager une vraie politique de privatisations. Il l’avait laissé entendre durant la campagne électorale. Il passe aux travaux pratiques. En ligne de mire, deux entreprises dont l’État est actionnaire majoritaire : Aéroports de Paris (ADP), et la Française des Jeux (FDJ). » On peut le lire dans Le Monde daté de ces 8/9 octobre.

Et cela nous permet de refaire le point sur tout ce qui a filtré (car il se filtre beaucoup …) concernant ce dossier qui concerne au premier chef les buralistes, diffuseurs de la Française des Jeux et principaux contributeurs d’un chiffre d’affaires toujours en croissance (voir Lmdt des 10 et 11 septembre).

OÙ EN SOMMES-NOUS EXACTEMENT ?

« Bercy a lancé il y a quelques jours le processus pour choisir les banquiers et les experts juridiques qui pourront l’aider à réaliser ces opérations. L’Agence des Participations de l’État, cheville ouvrière du projet, a entamé des consultations discrètes en ce sens auprès de plusieurs banques et cabinets d’avocats triés sur le volet, indiquent des sources convergentes (…)

« C’est un signal fort, commente un professionnel. Cela montre que le gouvernement a passé le stade de la simple réflexion, et entend étudier la possibilité technique d’effectuer ces privatisations. Il veut tester les différents montages possibles, évaluer les gains et les risques, examiner la liste des candidats potentiels … ».

QUAND CELA POURRAIT T-IL SE FAIRE ?

… Car rien n’est encore concrètement entamé.

En effet, une loi est nécessaire pour privatiser une entreprise publique. Avec débat au Parlement.

« Jusqu’à fin d’année, il n’y a aucun créneau pour cela » a confié un conseiller ministériel au Monde. Ce dernier précise toutefois que la discussion législative pourrait intervenir au deuxième trimestre 2018, selon les dires des partisans du projet.

« Au mieux, la cession par l’État d’une partie de la Française des Jeux pourrait intervenir à l’été 2018 ».

COMMENT CELA POURRAIT-IL SE FAIRE ?

D’après Le Monde, « les promoteurs de la privatisation voyaient l’État céder un bloc de 20 % du capital ou un peu plus, sans rien changer à l’entreprise, en grande forme ».

À en croire Challenges (daté du 3 octobre), la puissante direction du Budget, très attachée à la FDJ, ne verrait – de toute façon – pas d’un bon œil une privatisation pure et simple, avec l’État descendant sous la barre des 50 % (contre 72 % aujourd’hui).

Sur BFM Business (le 19 septembre) – outre l’hypothèse de la vente de 20 % – une autre option envisagée « permettrait d’en céder jusqu’à 40 %, tout en gardant le contrôle de la FDJ grâce à un pacte d’actionnaires avec les associations d’anciens combattants (les « Gueules cassées » et les émetteurs de loterie nationale qui détiennent plus de 20 %). »

AVEC QUI ?

Le Monde le souligne encore, « quatrième loterie mondiale, très rentable, la FDJ a de quoi susciter l’intérêt : c’est une histoire formidable pour les investisseurs ».

•• Les Échos du 20 septembre ont révélé que Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, avait reçu, le 7 septembre, un courrier de Georges Tranchant, le président du groupe portant le même nom : « … nous souhaiterions participer à cette privatisation et au rachat de la participation de l’État. » Ceci, en créant « une société dédiée au rachat de tout ou partie des actions de l’État. » Cette société serait composée « d’investisseurs financiers et de professionnels du jeu. »

Interrogé par le journal, Georges Tranchant assure : « il n’y a aucun problème à trouver des investisseurs ».

•• Challenges annonce, pour sa part : « une rencontre discrète, début septembre, entre Yannick Bolloré (Vivendi) et Stéphane Pallez a ainsi déclenché une petite panique au siège de l’opérateur. Derrière le groupe de Vincent Bolloré, certains distinguaient déjà la main d’un ennemi intime de la FDJ : Stéphane Courbit (qui détient Betclic). Reste que Yannick Bolloré assure que Vivendi n’est absolument pas intéressé. »

Toujours d’après l’hebdomadaire, outre le groupe Tranchant, « le casinotier concurrent Barrière a également marqué son intérêt pour l’opération. »

Avant de compléter la liste des prétendants potentiels : « Lagardère, Orange et Bouygues pourraient en profiter pour étendre leurs activités dans le divertissement. » Sans oublier M 6 qui n’exclut pas d’étudier le dossier.

– En outre, BFM Business croit savoir que « les buralistes réfléchissent à négocier des actions de préférence au capital de la FDJ dont ils sont le premier distributeur. »

VERS UN BIG-BANG DU JEU ?

« Depuis quelques semaines, certains au sein de l’État envisagent toutefois de coupler l’ouverture du capital avec une révision des règles du jeu dans le secteur » souligne également Le Monde de ce week-end. « L’interdiction des casinos en ligne, la fiscalité, le rôle de l’autorité de régulation, tout pourrait être remis à plat. Une sorte de big-bang du jeu. Cela pourrait permettre de rendre la mariée FDJ encore plus belle, et de soutenir le PMU, tout en redynamisant les jeux en ligne, avance un expert »

Ce serait aussi l’assurance de compliquer le dossier.