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21 Juin 2017 | Profession
 

Le président de la Confédération a signé un courrier au ministre de la Santé, suite aux déclarations de celle-ci sur le paquet à dix euros (voir Lmdt du 16 juin).

Nous vous en livrons les principaux extraits.

•• « (…) Il va de soi que nous ne sommes en rien opposés à une politique de lutte contre le tabagisme efficace, parfaitement conscients que nous sommes des risques que le tabac représente en termes de santé publique. Nous avons d’ailleurs à plusieurs reprises proposé aux ministres de la santé successifs que le réseau des buralistes soit associé à cette politique, par exemple à travers la vente de substituts nicotiniques. Puisque le fait est là : les buralistes sont au contact quotidien des fumeurs.

•• « En revanche, les mauvais résultats de notre politique de lutte contre le tabagisme, au regard de la situation observée dans des pays voisins, montre que la prévalence tabagique en France reste forte, et peut-être ce constat pourrait-il conduire les pouvoirs publics à remettre en question les grandes orientations prises sans succès depuis des décennies.

•• « Il en est ainsi de la décision d’imposer le paquet neutre alors même que les résultats obtenus en Australie étaient peu convaincants et sans qu’il soit procédé à aucune évaluation au préalable de l’efficacité des dispositifs déjà mis en œuvre tels que les photos-choc et les messages sanitaires. Les premiers chiffres enregistrés en France laissent penser que la consommation de tabac n’en a pas été affectée.

•• « Il en est de même de l’augmentation des prix présentée comme la solution la plus dissuasive pour les fumeurs. Cette mesure est en réalité illusoire, comme le montre la progression – constatée d’année en année et mesurée officiellement par la direction générale des douanes – du marché parallèle du tabac (c’est-à-dire l’ensemble des produits de tabac achetés hors du réseau officiel des buralistes : contrebande et trafics divers, achats transfrontaliers, achats sur Internet, …).

•• « (…) Voilà pourquoi nous réclamons depuis plusieurs années aux gouvernements successifs, sans être véritablement entendus, que la priorité absolue soit donnée à la lutte contre le marché parallèle : il constitue une brèche ouverte dans notre politique de santé publique qui affaiblit considérablement la lutte contre le tabagisme, il prive accessoirement l’État de recettes considérables (plus de 3 milliards d’euros chaque année) et affecte également notre réseau sur le plan commercial.

•• « Une autre priorité devrait être donnée à une mobilisation de nos partenaires européens pour corriger une situation inacceptable : le tabac, bien que considéré comme produit dangereux en termes de santé publique, bénéfice de manière incompréhensible du principe de libre échange au sein de l’Union, ce qui prive par exemple la France de prendre des mesures restrictives limitant strictement l’introduction de cigarettes aux frontières ».

•• « Il en est de même de la question de la fiscalité du tabac et des prix, une harmonisation au niveau européen limiterait évidemment l’avantage que présentent aujourd’hui des différentiels de prix importants entre la France et ses proches voisins comme la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, l’Espagne ou Andorre, suscitant des trafics organisés d’achats de cigarettes de l’autre côté de frontières.

•• « Toutes ces considérations montrent, me semble-t-il, la complexité du problème de la lutte contre le tabagisme. Sans doute les priorités que nous réclamons méritent-elles quelque attention de la part des pouvoirs publics, sans oublier la pédagogie à laquelle nous savons que vous êtes attachée et qui, probablement, n’a pas été suffisamment développée, notamment en milieu scolaire ».