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11 Juil 2019 | Profession
 

Lassés par l’insécurité de diverses natures à laquelle ils sont confrontés, des commerçants chinois originaires de la région du Wenzhou quittent la région parisienne pour s’installer à Blois et à Vendôme (Loir-et-Cher) afin d’y tenir commerce … de restauration ou de tabac.

Un reportage révélateur du Monde (édition 8-9 juillet). Extraits.

La multiplication des commerces vacants, comme dans toutes les régions, est, par ailleurs, une autre raison de l’arrivée de Chinois issus de la région parisienne. En 2018, la fédération des buralistes d’Ile-de-France évoquait 40 % de buralistes d’« origine asiatique ».

•• Isabelle Brault, gérante d’un tabac à Chaumont-sur-Loire depuis quatre ans et présidente de la chambre syndicale des buralistes du Loir-et-Cher explique que « les jeunes veulent fonder une famille, ils n’ont pas envie de bosser 80 heures pour 800  balles par mois comme moi. »

Dans son établissement de 36 mètres carrés, elle gère, autour du linéaire à cigarettes, un service de cartes grises, une photocopieuse, un bureau de poste, une supérette et un pressing. « Et puis, j’aide des personnes âgées à remplir leurs impôts sur Internet. Et parfois j’ai l’impression de tenir un cabinet de psy ». Devant tant de responsabilités, les prétendants du coin à la reprise ne se bousculent pas, selon elle.

•• « On travaille tout le temps, tous les jours », confirme David Hu, 25 ans. Depuis trois mois, le jeune homme est le patron d’un bar-tabac-PMU-presse derrière la gare de Blois.

Même si son affaire tourne bien, que les clients s’y sentent comme chez leurs prédécesseurs, David Hu explique être devenu buraliste faute de mieux : « en sortant de mon école de commerce, j’aurais aimé entrer dans une grosse boîte française mais j’ai senti que les barrières étaient fermées, qu’il fallait du réseau, des proches déjà bien insérés. Finalement, je fais ce que les Chinois du Zhejiang savent bien faire : reprendre un bar-tabac ».

•• « Les fouteurs de merde sont essentiellement basés en Ile-de-France. Ici, dans le Loir-et-Cher, on s’ennuie » plaisante Li Guangshu, alias Gun.

À 37 ans, Li est le propriétaire d’un autre bar-tabac-PMU blésois, ouvert tous les jours (sauf le mercredi) de 6 heures à 19 h 30 (de 8 heures à 13 heures le dimanche). Son commerce est installé entre une épicerie exotique et un boucher traditionnel devenu fromager-traiteur-pâtissier.

« Si la guerre éclate entre nos deux pays, je serais avec Pékin … Vous m’avez trop taxé ! » lance Gun, facétieux, en brandissant un paquet de cigarettes. Les clients apprécient son humour et sa capacité à retenir tous les prénoms. « Par ici, à Blois, j’ai remarqué que le contact était très important, bien plus qu’à Paris. Si par exemple tu oublies de saluer un client dans la rue, il te le reprochera le lendemain ».