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7 Mar 2019 | Profession
 

Dans un interview à DNA, Thierry Lefebvre, président de la fédération des buralistes d’Alsace-Lorraine, revendique de nouvelles missions de « service au public ». Extraits.

« On sait que le paquet sera à 10 euros dans deux ans. À mon avis, il sera même plus élevé, vu le jeu des cigarettiers. Donc nous sommes voués à subir ces hausses. Mais chez nous autres, frontaliers, le problème depuis 20 ans, c’est la différence de prix avec le voisin. 

« Quand vous avez 80 000 personnes qui traversent tous les jours la frontière pour aller travailler, ils en ramènent … Que ce soit d’Allemagne, de Suisse, du Luxembourg, de Belgique …

•• « La diversification, on n’a pas le choix. Si on s’endort sur un produit, c’est autant de clients en moins tous les jours. Quand j’ai repris mon magasin en 2001 (à Colmar), je faisais 1 000 clients/jour ; maintenant je n’en fais plus que 400. J’ai perdu 80 % de volume tabac. Il fallait bien que je fasse autre chose. J’ai essayé et adopté l’épicerie, les boissons à emporter, le compte Nickel, les relais colis, Moneygram, et principalement la cigarette électronique.

« La vape, c’est ce qui me sauve aujourd’hui. Sans ça, je serais fermé. C’est ma première source de revenus. J’en fais depuis sept ans, je suis devenu un spécialiste. Et c’est porteur. Je ne connais pas un fumeur qui n’a pas eu envie de s’arrêter.

•• « Nous sommes déjà contractuellement liés à l’État, avec des tâches obligatoires, la charge de vendre des timbres-amendes, des timbres fiscaux … Y adjoindre d’autres activités ? Oui, bien sûr. Mais il ne faut pas le voir comme un service public. Plutôt comme un service « au » public

Certains font déjà relais poste, on pourrait aussi se lancer dans les cartes grises puisque les préfectures s’en sont détachées … On réfléchit à ces choses depuis de nombreuses années, et c’est en train de se mettre en place doucement au niveau technique. 

•• « Passer quinze minutes à vendre un ticket de TER pour gagner 10 centimes ? C’est toujours ce même problème du temps passé par rapport à la rémunération. Moi je suis relais colis, c’est 30 centimes par colis pour gérer 50 appels par jour … C’est le côté chronophage d’une activité. L’essentiel étant toujours de faire venir des gens dans nos magasins, ce flux nous permettant de leur proposer autre chose.

« On a des amplitudes d’ouverture complètement différentes de l’administration. Nous sommes ouverts six ou sept jours sur sept. Tout ça est en train de se mettre en place pour que le buraliste redevienne au cœur de son quartier ou de son village, un endroit où les concitoyens devront passer impérativement.

•• « Le drugstore de demain ? Il sera différent chez chaque buraliste, on ne sera pas tous identiques. Ce sera en fonction des choix du buraliste et de sa zone de chalandise et de sa clientèle. Ça peut être ici des fleurs, là des fringues, de la maroquinerie, un salon de thé … Peu importe, tant qu’ils trouvent des moyens de compenser les pertes du tabac.

« Aujourd’hui, il y a des jeunes qui reprennent des affaires et s’attaquent à des nouveaux marchés libres sur lesquels ils peuvent faire des marges. C’est quand même le but. Ils ont compris notre potentiel (…) Tout le monde rêverait d’avoir ce flux… C’est une révolution dans les têtes. Même si dans nos départements frontaliers, tous les survivants l’ont déjà plus ou moins faite ».