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Tabaculteur« Pour les tabaculteurs, c’est un couperet », se désespère Pierre Vignau, tabaculteur dans le Béarn, à propos du paquet de cigarettes neutre, mesure phare du plan anti-tabac de la loi Santé (voir Lmdt du 17 décembre 2015). Dans un article du Sud Ouest de ce mercredi 13 janvier, il livre, avec authenticité, ses inquiétudes sur la perte d’identité du tabac et ses conséquences économiques.

« C’est comme un enfant à qui on retire son prénom, et qu’on remplace par un matricule », se désole-t-il, « on ne regardera plus de quel tabac il s’agit, mais on cherchera à faire des économies. Prenez l’exemple d’une bouteille d’eau : s’il n’y a plus d’étiquette, on achète la moins chère, sans regarder la qualité ».

Et c’est justement sur la différence de qualité que Pierre Vignau insiste : « je vends une partie de mon tabac à l’entreprise Traditab, qui accorde beaucoup d’importance à l’origine et à la fabrication homogène des feuilles de tabac. Nous, tabaculteurs, devons respecter des contraintes de qualité, de variété, et de façon de cultiver pour pouvoir leur vendre notre production (…) Sur les paquets de tabac à rouler, il y a même une carte sur laquelle on peut voir où le tabac a été cultivé. Comment faire ressortir cette particularité régionale sur un paquet sans aucun signe distinctif ? Notre tabac ne sera plus reconnu, et on se déconnectera du terroir et du qualitatif que nous avons dans le Sud Ouest ».

Le tabac est une reconversion pour Pierre Vignau, après la culture de légumes en plein champ peu rentable du fait des maladies : « avec nos 50 hectares d’exploitation, nous avons besoin de main-d’œuvre (12 travailleurs permanents, dix en renfort lors de la récolte). Or, comment notre entreprise peut-elle embaucher, si elle n’est plus viable ? ».

Dans le même article, Jérôme Duffieux, responsable de Traditab (voir Lmdt des 9 et 5 novembre ainsi que 12 septembre 2015), tout en critiquant « la gestion démocratique de cette affaire » précise « on commence à travailler pour transformer nos paquets mais on n’a aucun élément technique. On n’a pas obtenu de réponse de la part du ministère de la Santé. On a le sentiment qu’il n’y a aucune écoute ». Il assure que Traditab ne se tournera pas vers l’étranger : « on ne vend même pas à la frontière espagnole ou en Andorre. On a pris un engagement moral avec les buralistes français, en particulier ceux du Sud-Ouest qui nous ont commercialisés à nos débuts (…) Les clients seront tentés d’aller à l’étranger acheter des paquets qui ressemblent à quelque chose (…) D’ailleurs, on a été démarchés par le plus gros distributeur espagnol qui nous a proposé d’arrêter nos ventes en France. Mais on respectera notre engagement ».