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27 Nov 2015 | Pression normative
 

Avec un premier recul, quelques remarques sur le débat et le scrutin de l’autre nuit, à l’Assemblée nationale (voir Lmdt du 26 novembre), où les amendements demandant la suppression du paquet neutre ont été battus de justesse (54 voix pour, 56 voix contre).

Bruno Le RouxMarisol Touraine•• D’abord, l’étroitesse du score s’agissant d’une assemblée où le gouvernement – et donc son ministre de la Santé – y dispose en principe d’un majorité qui aurait dû s’exprimer plus nettement, pour cette réforme présentée comme sociétale, dans l’air du temps et dépassant les clivages politiques : il est toujours plus avantageux de se positionner comme « voulant faire quelque chose pour la santé » (même n’importe quoi …) que de prendre le risque d’être assimilé à un « porte parole du lobby du tabac » (pour reprendre un cliché si bêtement répandu dans les médias).

•• Les sujets tabac ont occupé quasiment l’essentiel de cette deuxième séance nocturne sur la loi Santé. Le paquet neutre a fait l’objet d’un vrai débat et avec un nombre relativement important de participants si l’on tient compte qu’il a démarré après 23 heures : 114 députés à cette heure-là. C’est rare. La mobilisation des buralistes a trouvé effectivement écho auprès de la représentation nationale.

Christian Jacob•• La séance a été passionnée, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous avons déjà mis en ligne l’essentiel des débats où beaucoup d’arguments ont été lancés avec forces convictions (voir Lmdt du 26 novembre). Mais il faut savoir aussi que l’on a frôlé l’incident de séance.

Le patron des députés LR, Christian Jacob, reprochant en plein débat à son homologue socialiste, Bruno Le Roux, de vouloir « réserver » le vote et de le reporter à vendredi soir, dans la crainte de ne pas disposer, ce soir-là, d’assez de troupes « pro-paquet neutre ».

•• Justement, les députés socialistes hostiles au paquet neutre ont été l’objet de pressions très fortes, notamment pendant l’interruption de séance demandée par Bruno Le Roux. Normalement, une interruption c’est dix minutes. Là, nous avons atteint les 25 minutes pendant lesquelles Marisol Touraine, très pâle d’après un témoin, s’est adressée aux élus socialistes pour convaincre sceptiques ou réfractaires.

Gérard Sebaoun - Hammadi Assemblée nationaleEt en séance, on aura vu le rapporteur de la partie tabac du projet de loi, Gérard Sebaoun (voir Lmdt du 19 novembre), remonter en vitesse les travées pour admonester, en dernier minute, son collègue Razzy Hammadi.

Toutes ces manœuvres ont porté. Puisque certains co-signataires de l’amendement Barbier ont changé d’avis : en s’abstenant ou en s’absentant. Sans compter l’arrivée impromptue et groupée de trois députés socialistes parisiens qui ne s’étaient pas particulièrement intéressés à la loi Santé jusqu’à maintenant.

•• Cruelle a été la défaillance de certains parlementaires de l’opposition qui avaient promis ou laissé entendre aux représentants syndicaux des buralistes qu’ils seraient présents pour marquer leur opposition au paquet neutre : des abonnés aux soirées cigares parisiennes … aux amateurs d’applaudissements faciles lors des assemblées générales départementales, il y a des absences, aux motifs évanescents, qui vont rester présentes dans la mémoire des buralistes.

De même, concernant l’absence de certains non-inscrits : il n’y a pas que les deux députés du Front national qui ont gâché une occasion unique de se distinguer ou, à tout le moins, de se rappeler au souvenir des buralistes.