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15 Fév 2017 | Profession
 

Le temps n’arrange rien à l’affaire … Six mois après l’arrivée des paquets neutres (voir Lmdt du 6 juillet 2016), les craintes de beaucoup se confirment et s’amplifient. Dernières remontées du terrain …

•• « Le paquet neutre pourrait-il remettre en question la vocation de « commerce rapide » des bureaux de tabac ? » se demande l’hebdomadaire lorrain LaSemaine.fr face aux témoignages de buralistes messins. « Avant, il suffisait qu’un client porte son regard sur son paquet de tabac pour que je sache ce qu’il voulait. Aujourd’hui, si l’on me demande une cartouche entière, je dois pratiquement toutes les sortir de mon tiroir pour en distinguer la marque. Le problème de ce changement, c’est qu’on ne peut pas vraiment s’y habituer : cette recherche ne prendra pas moins de temps dans six mois » confie l’un d’eux. « Que Marisol Touraine vienne me montrer comment trouver en un quart de seconde le produit demandé lorsque les paquets se ressemblent tous et qu’on accueille plus de 500 clients par jour ! ».

Deux consœurs buralistes tempèrent : « clairement, la réception des paquets neutres et leur rangement est plus difficile. Mais une fois qu’ils sont en rayon, c’est très simple : je fonctionne en aveugle, comme pour les jeux à gratter, et trouve immédiatement ce que je veux », assure Audrey ; une autre s’est adaptée en « marquant au préalable toutes ses cartouches avec un feutre », sans cela, impossible de retrouver la marchandise en réserve.

•• Les buralistes nivernais « toussent » selon Le Journal du Centre (10 février). « Le paquet n’aurait jamais dû voir le jour. Comme les autres mesures, cela n’aura pas impact sur la consommation. Mais elles mènent la vie dure à notre profession », prévient Gérard Genty, président de la chambre syndicale des buralistes de la Nièvre et buraliste à Pouilly-sur-Loire.

Laetitia Guillot, installée à Nevers, explique qu’elle met « deux fois plus de temps avec cent-trente références à trier (…) alors j’attends de fermer pour pouvoir le faire, cela me prend deux heures. Sur mon linéaire, j’ai quelques points de repères, mais il faut faire marcher sa mémoire visuelle ».

« Je croise des clients qui s’organisent pour ramener de quoi fumer de l’étranger », raconte Gérard Genty, citant l’exemple d’une fumeuse qui « profite d’une tante espagnole pour faire des stocks ». « Cette mesure choc du paquet neutre, c’est un écran de fumée », poursuit-il « on n’arrête pas de fumer parce qu’un paquet nous met en garde ». Le travail de fond c’est « de la prévention dans les écoles. Le reste, c’est du vent ».