Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
21 Sep 2017 | Profession
 

Dans une lettre adressée aux parlementaires, les buralistes de la chambre syndicale de l’Hérault-Béziers dénoncent le projet visant à porter le prix du paquet de cigarettes à 10 euros. Et lors d’une interview, dans Le Midi Libre de ce mercredi 20 septembre, Sophie Lejeune, leur présidente, détaille les conséquences pour la profession. C’était avant le communiqué du ministère de la Santé et de Bercy (voir Lmdt du 20 septembre) …

•• « Nous n’avons pas été pris en traître, c’était annoncé, certes. Mais cette mesure devait s’appliquer en même temps que les autres pays européens. Finalement non, et on nous l’annonce de but en blanc d’un mois sur l’autre. Emmanuel Macron n’a pas respecté la deuxième partie de sa promesse. La contrebande va exploser. Et les consommateurs iront s’approvisionner au-delà de la frontière. Surtout qu’en Andorre on trouve des paquets à 2,50 euros. »

•• « À ce rythme, cette hausse soudaine du paquet causera la fermeture de 5 000 bureaux de tabac d’ici 2020 en France. Ce sont des prévisions mais sur Béziers même, nous regrettons déjà trois enseignes qui ont mis la clé sous la porte en 2017. Entre 2003 et 2007, nous avons perdu 1 000 buralistes dans le Languedoc-Roussillon, dont 150 dans l’Hérault. Ça fait froid dans le dos. »

« Des fois on se demande si le but de l’État n’est pas de faire disparaître la profession. Tout le monde dit que la ruralité est importante, mais avec cette mesure, on va tuer les quartiers et les villages. »

•• « Effectivement, je vends moins de tabac qu’avant. Mais ce n’est pas parce que les gens arrêtent de fumer, ils trouvent simplement moins cher ailleurs. C’est ce que l’État a du mal à comprendre. Quand je suis fermée le soir, des vendeurs reprennent le fil et font leur commerce au bout de la rue. Le marché parallèle c’est 3 milliards d’euros d’évasion fiscale en France ! 25 % des ventes proviennent du marché noir. En 2020, cela sera 62 %. Cela va devenir plus rentable de vendre du tabac dans la rue que de la drogue. »

« Je voudrais tellement que nous puissions discuter. Nous vendons un produit d’État, l’État devrait être présent pour nous accompagner et nous écouter. Je demande aux députés de bien réfléchir avant d’agir et surtout qu’ils n’hésitent pas à nous contacter pour apprendre à connaître la profession avant de voter. Ils ne se rendent peut-être pas compte qu’ils sont comptables de la mise en péril des buralistes. Cette hausse du prix n’est pas la solution. Nous n’arrêtons pas d’augmenter les prix mais les fumeurs sont toujours là. Instaurer un plan de prévention le plus tôt possible serait peut-être la solution. »

•• « Nous pourrions entreprendre des manifestations de force en bloquant les péages, en ralentissant la circulation, ou autres protestations. Mais nous ne voulons pas en arriver là et pénaliser les citoyens. Alors, nous avons programmé une manifestation, rassemblant tous les buralistes et les personnes s’opposant à cette mesure, le mercredi 4 octobre à Paris (voir Lmdt du 15 septembre).

Nous souhaitons avant tout pouvoir s’arranger à l’amiable, sans avoir à … nous faire entendre ».