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13 Oct 2016 | Observatoire
 

TaxesC’est la question que pose un article d’Hugo Tellier (analyste-économiste), publié sur le site Economie-Matin, le mercredi 12 octobre, quant à la mise en place d’une nouvelle fiscalité sur le tabac (voir Lmdt des 6 octobre et 23 septembre). « Une annonce qui pourrait s’annoncer néfaste pour tout le monde, même pour l’État ». Extraits.

•• « Le gouvernement souhaite ainsi aligner la fiscalité des produits du tabac à rouler sur celle des cigarettes (…) Il s’agit cependant d’une mesure doublement problématique.

• « Premièrement, elle va à l’encontre des engagements du gouvernement qui a toujours affirmé qu’en terme de mesures anti-tabac, ce serait « fromage ou dessert », c’est-à-dire que la mise en place du paquet neutre au 1er janvier prochain ne pouvait se faire simultanément avec une augmentation des taxes.

• « Deuxièmement, cette mesure risque de produire des effets opposés à ceux attendus. Contrairement à une idée largement répandue, le tabac à rouler n’est pas le tabac des jeunes, mais bien le tabac des consommateurs les moins aisés, souvent confrontés à des difficultés économiques. Face à la hausse massive du prix, ils n’auront d’autre choix que de se tourner vers le marché parallèle, notamment les achats à l’étranger …

•• « Le gouvernement souhaite également créer une taxe sur le chiffre d’affaires des distributeurs de tabac en France. On connaît le principal acteur du secteur, Logista, mais ce que personne ne prend en compte c’est la trentaine d’autres petits distributeurs implantés en France dont la plupart ne pourront pas absorber la taxe et se verront contraints de fermer boutique.

 « Le gouvernement souhaite indirectement atteindre les fabricants sur lesquels cette taxe sera répercutée mais cela aura nécessairement des conséquences sur tous les consommateurs. En effet, alors que ce sont les fabricants qui déterminent les prix du tabac librement, il est peu probable que ceux-ci absorbent à eux-seuls cette nouvelle taxe et tout laisse à penser qu’elle entrainera donc une hausse des prix de vente au détail et donc in fine sur le consommateur.

« Or, comme le rappelait Christian Eckert lui-même lors de l’annonce de ces deux taxes sur Europe 1, les prix du tabac sont tels en France que toute hausse de fiscalité entraîne irrémédiablement une hausse des achats sur le réseau parallèle. Pire : la hausse du prix du tabac s’avère inefficace dans la lutte contre le tabagisme (…) Selon l’Eurobaromètre publié en 2015, l’Hexagone se classe 4ème sur les 28 pays de l’Union en termes de proportion de fumeurs dans la population.
- « En faisant augmenter le prix des cigarettes, les nouvelles mesures du gouvernement risquent de déstabiliser le marché légal et de pousser les consommateurs à chercher des alternatives moins chères et plus dangereuses pour leur santé. Les effets néfastes de ces mesures sont imprévisibles, la première étant une perte fiscale pour le gouvernement.

•• « Le Gouvernement devra très probablement repenser sa stratégie antitabac. Il pourrait commencer par respecter ses engagements et suivre les conseils des agences et experts internationaux qui lui montrent l’échec des politiques répressives. Hélas, cela ne semble pas être le chemin emprunté actuellement par le Gouvernement qui songe à compléter ses dernières mesures fiscales par une hausse de la rémunération des buralistes, dont le coût pourrait également être répercuté sur les prix de vente. Les soucis des fabricants, buralistes, consommateurs et de l’État lui-même ne sont décidément pas près de s’arrêter ».