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4 Avr 2018 | Profession
 

Les Échos de ce jeudi 5 avril publie une grande interview de Philippe Coy qui revient sur la nécessaire évolution du réseau des buralistes.  Extraits.

Nombre des buralistes : « Il reste 24 500 bureaux de tabac. En quinze ans, 8 000 débitants ont disparu, soit environ 500 par an. Mais les fermetures ne sont pas toutes dues à la situation économique. D’ailleurs, elles suivaient le même rythme avant la première hausse significative du prix du tabac en 2003. Ce sont les populations qui quittent les campagnes ».

Évolution du réseau : « Après une longue séquence de mobilisation syndicale, le temps est venu de l’action entrepreneuriale. Notre cœur de métier, le tabac, 65 % à 70 % de notre chiffre d’affaires, doit être préservé, mais nous devons nous souvenir que nous sommes des commerçants et nous diversifier. Quand vous ouvrez votre débit de tabac, les clients sont là, à attendre devant votre enseigne. Aucun autre commerce n’offre un tel confort.

« Nous devons repartir à l’offensive commerciale. Pour cela il faut changer notre logiciel. Je suis optimiste, car nous avons le premier réseau de proximité de France, des buralistes qui ne comptent pas leur temps et un vrai affect avec les Français. De plus, parmi nos 10 millions de clients par jour, 42 % ne sont pas des fumeurs : ils viennent acheter une carte téléphonique, des mots croisés, la presse, des confiseries, ouvrir même un compte bancaire, avec déjà 860 000 comptes Nickel, une vraie success-story … Ce serait tout de même étonnant qu’on ne parvienne pas à transformer l’essai ! ».

Cigarette électronique : « À l’avenir, nous aurons trois linéaires tabac : les produits classiques, la cigarette électronique et le tabac chauffé (…) Nous devons investir sur ce marché, même s’il ne compte que 2 millions de consommateurs aujourd’hui. Car ce sont des fumeurs qui basculent vers l’e-cigarette. Migrer vers cette nouvelle consommation nous permettra de garder nos clients actuels. Ce n’est pas cher, mais il y a du volume, et des marges supérieures à 60 % ».

Accompagnement des fumeurs : « Je n’hésite pas à dire que nous avons un rôle de santé publique à jouer, même si cela choque certains. J’ai d’ailleurs proposé à la ministre de la Santé que les buralistes soient partenaires de l’opération mois sans tabac ».

Fonds pour la transformation : « Nous avions la volonté de nous diversifier, mais peu de moyens pour le faire (…) Le nouveau fonds pour la transformation doté de 80 millions d’euros, soit 20 millions par an, va cibler environ 2 000 buralistes par an. 

« Cela va nous permettre de rénover nos commerces et de financer, entre autres, un observatoire du réseau (…) Grâce à ces données, nous serons en mesure de publier une feuille de route du réseau d’ici à la fin de l’année. Le modèle, c’est la grande distribution, capable d’aider son réseau de magasins de proximité.  Nous proposerons aux buralistes des concepts, des kits pour se diversifier ».

Desserrer la contrainte financière des buralistes : « (…) j’ai signé trois conventions cadres avec nos partenaires clefs, en février, trois mois après ma prise de fonctions : le 2 février avec Bercy, le 5 avec la Française des jeux, le 15 avec notre principal distributeur, Logista. Ce dernier a fait un geste pour soulager notre trésorerie à hauteur de 90 millions d’euros (…) 

« La Française des jeux, c’est 572 millions d’euros de rémunération pour les buralistes. C’est aussi une grosse charge de travail, une responsabilité et des explications à donner aux joueurs. Nous avons signé un contrat qui nous rapporte 48 millions d’euros supplémentaires par an. Le buraliste ne paie plus ses meubles de jeu, ce qui lui fait gagner 1 000 euros par an. Le 1er janvier 2019, la commission de la Française des jeux, aujourd’hui uniforme à 5,2 %, sera modulée. Tous les jeux de tirages sont revalorisés. La FDJ a l’ambition de conquérir 1 million de clients. C’est dans notre intérêt mutuel.

Reste à discuter avec le PMU, mais c’est un dossier plus complexe. »