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23 Fév 2020 | Observatoire
 

Devant les députés de la Mission d’information sur « la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis » (voir 23 décembre et 12 juillet 2019), les professeurs Jean-Pierre Goullé et Jean Costentin – Académie de Médecine et Académie de Pharmacie – ont délivré, ce 19 février, un véritable réquisitoire contre les usages supposés bénéfiques du cannabis dit « thérapeutique ». 

Le CBD en a pris aussi pour son grade. Une intervention qui, selon Robin Reda (LR), le président de la Mission d’information, vient « perturber l’unanimité politique » autour de l’expérimentation adoptée à l’automne (voir 26 octobre 2019).

•• Les deux Professeurs ont martelé l’impossibilité, selon eux, d’utiliser le qualificatif « thérapeutique » à propos du cannabis, celui-ci n’étant pas un médicament. Un médicament étant l’extraction d’un principe actif, généralement issu d’une plante, qui est ensuite purifié, raffiné et contrôlé, pour déboucher sur une substance dûment contrôlée par la méthode des doubles panels :  l’un avec un placebo, l’autre avec le principe actif.

Or, selon les deux experts, dans le cas de l’essai lancé, ce qui est testé n’est pas un principe actif mais un « mélange végétal composé de 200 principes actifs différents » ce qui ne peut, indiquent-ils, « apporter les garanties qui définissent un médicament ».

•• Tout au long de leur audition, les deux professeurs ont assuré que l’étude des principes actifs du cannabis – que ce soit le THC (Tétrahydrocannabinol) ou le CBD (Cannabidiol) – n’a jamais débouché sur la création de médicaments, du fait d’un rapport « bénéfice/risque » toujours défavorable.

Seule exception, le Nabilone, un traitement destiné à lutter contre les nausées provoquées par la chimiothérapie et contre les douleurs chroniques. Le cannabis dit « thérapeutique » est donc à leurs yeux un « abus de langage », concluent-ils.

•• Le pharmacologue Jean Costentin s’est également montré peu disposé à défendre l’intérêt d’un cannabis CBD (Cannabinoïde), vu comme un bon cannabis aux vertus relaxantes, face à un THC (Tétrahydrocannabinol), vu comme le mauvais cannabis avec des molécules psychoactives classées comme produit stupéfiant.

Il a notamment mis en garde contre une possibilité méconnue de transformation du CBD, au contact du PH acide de l’estomac, en THC pour « une partie significative » du produit, si celui-ci n’est pas encapsulé dans une gélule protectrice.

•• Les députés de la Mission d’information ont questionné les deux professeurs sur les demandes pressantes de patients contraints de se rendre dans d’autres pays pour se procurer du cannabis afin de soulager leurs douleurs.

Un effet bénéfique réfuté par Jean Costentin, notamment en raison de sa durée limitée dans le temps : « une des caractéristiques des effets du THC c’est un phénomène de tolérance. Un produit tel que le THC voit au long cours son efficacité diminuer et disparaître ».