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5 Mar 2015 | Pression normative
 

Michèle DelaunayOn attendait la réaction de la députée anti-tabac Michèle Delaunay sur le lancement médiatique de la campagne « non au paquet neutre » des buralistes (voir Lmdt de ce 4 mars). L’élue socialiste n’étant pas une fervente défenseuse du paquet neutre (mais plutôt de l’augmentation des prix), elle ne rate cependant jamais une occasion d’accabler la profession et de lui assigner un nouveau destin (voir Lmdt des 23 et 19 février, 27 et 9 décembre, 29 octobre 2014). Trop occupée par la visite de François Hollande à l’usine Dassault de Mérignac, où elle a posé devant un Rafale (qui n’est pas une arme de destruction massive comme chacun sait … ), elle s’est réveillée un peu tardivement en fin d’après-midi de ce mercredi 4 mars.

Premier message : nous sommes en état d’alerte « de catastrophe sanitaire », puisque l’étude américaine – publiée par le NEJM et relayée tardivement mais opportunément par Le Figaro – annonce une sous-estimation du nombre de décès par tabagisme (voir Lmdt du 3 mars). Pas de nuances, même si les auteurs estiment qu’il faudrait de plus amples travaux pour valider leurs hypothèses.

Quoiqu’il en soit, le médecin qu’est Michèle Delaunay préconise de combattre le tabagisme, non par des mesures précises et un vrai travail de prévention de santé publique, mais par une lutte contre le lobbying … incarnée par les actions de menace d’actions judiciaires des fabricants « à l’Assemblée nationale » et la campagne des buralistes, qualifiée « d’hypocrite, au demeurant » : « oui à la prévention, non à la punition ».

La prévention ? Michèle Delaunay balaie d’une main, sans analyse, les 50 ans de prévention menée en France : « des millions y ont été consacrés et le chiffre des morts annuels, le coût des dégâts sanitaires dus au tabac, ne cesse d’augmenter ». En oubliant, tout simplement, de rappeler qu’en 50 ans la population et la durée de vie ont augmenté dans des proportions expliquant aussi l’évolution des statistiques.

La punition ? … pas pour les buralistes, en tout cas, rétorque la députée, qui se réfère aux chiffres sur leurs revenus du rapport de la Cour des Comptes de fin 2013. De toute façon, ils « ne pèsent plus rien en terme de relais d’opinion publique ».

Seule une action comme la sienne (à Bordeaux, « on l’aborde pour la féliciter ») est utile et courageuse : « le tabac est une cause d’égale importance aujourd’hui à l’abolition de la peine de mort ». Mais, au fait, la peine de mort, c’était de la prévention ou de la punition ?

Dernière pirouette, Michèle Delaunay reprend, après toutes ces circonvolutions, une vieille proposition de la Confédération. Soit  « un groupe de travail … réfléchir avec eux à l’évolution de leur profession » et « à l’occasion de la loi santé qu’ils puissent vendre dans leur officine les substituts de produits nicotiniques qui permettent le sevrage tabagique ». Oui, elle souhaite qu’ils « deviennent des points santé, convivialité, information et culture, plutôt que des antichambres de l’hôpital ».

On lui souhaite bon courage  … avec Marisol Touraine et son administration  qui ont régulièrement rejeté ces propositions des buralistes, eux-mêmes.