C’est d’une plume plutôt alerte qu’a répondu Marisol Touraine, via son blog, à la chronique de Nicolas Bedos parue dans le magazine Elle (voir Lemondedutabac du 10 mai). Rappelant sa fonction de « garante de la santé publique », elle campe sur sa façon à elle de faire la « guerre au tabac » et « au geste qui n’a plus lieu d’être » dans les lieux publics. Extraits.
« Cher Nicolas Bedos,
(…) « La cigarette, expliquez-vous aux lecteurs de Elle, est la condition de la liberté, l’acte ultime de résistance des libertaires de la capitale, le dernier bastion du « laissez-moi faire »…
« Mais la finesse de votre plume ne doit pas masquer une réalité bien plus tragique. Une réalité moins fantasmée que celle que vous décrivez en convoquant, pour plaider votre cause, les plus beaux esprits …
« Je ne suis pas seulement la ministre de votre santé, cher Nicolas Bedos. « Ma mission c’est de dire, de répéter, de rabâcher même, dès que l’occasion m’en est donnée, le constat que vous avez vous-même formulé : le tabac tue, light ou pas.
« C’est vrai, vous avez raison, les fumeurs, jeunes en particulier, ne nous écoutent pas. Pas suffisamment, de toute évidence. Et, à ce seul motif, vous voudriez que nous baissions les bras, que nous abandonnions, que nous nous taisions faute d’être entendus ?
« Vous vous faites aussi pessimiste que Cioran, cher Nicolas Bedos. Soyez rassuré : je n’enverrai ni le GIGN, ni la Garde nationale, ni l’armée tout entière pour vous traquer dans le bois de Boulogne. Mais je ne me tairai pas dans la guerre contre le tabac. Je ne cesserai jamais de rappeler, à vous et à tous les fumeurs, qu’à chaque bouffée inhalée, vous perdez de précieux moments d’une vie dont, chaque semaine, vous nous rappelez avec talent dans vos chroniques qu’elle vaut mille fois la peine d’être vécue ».