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6 Oct 2016 | Pression normative
 

Logo nutritionnelL’expérimentation « grandeur nature » d’un étiquetage nutritionnel sur les produits alimentaires, votée dans la Loi de Santé (voir Lmdt des 12 mai 2016 et 22 septembre 2015), est lancée depuis le lundi 26 septembre. Cet outil d’informations sur les aliments transformés permettant, en principe, de lutter contre les maladies cardio-vasculaires, du diabète ou de l’obésité (voir Lmdt du 4 octobre).

À la demande de Marisol Touraine, quatre logos sont testés durant dix semaines dans quarante magasins de marques : celui proposé par la grande distribution, celui du secteur de l’agroalimentaire, les feux tricolores appliqués au Royaume-Uni et un système de cinq couleurs développé par des chercheurs de l’Inserm (baptisé « Nutri-score »).

Or, selon Le Monde daté du 6 octobre, « bien des produits ne sont pas étiquetés » dans les rayons plats cuisinés et traiteur frais des magasins testeurs, un peu plus d’une semaine après le début de l’opération. Même constat d’un groupe de consommateurs et de diététiciens qui s’est rendu dans huit supermarchés : environ 50 % des aliments n’ont pas d’étiquette. Et des produits sont parfois étiquetés différemment selon les magasins.

« Un travail de titan », selon une des salariées de Carrefour Market. « Nous étiquetons de l’ordre de 30 000 produits par jour » affirme le directeur général du Fonds français pour l’Alimentation et la Santé (FFAS).

En fait, le consommateur est-il en mesure de comparer très rapidement et facilement la composition d’un produit avec celle d’un autre de la même catégorie ? « La réponse est non », assure Ingrid Kragl, la directrice de l’association Foodwatch France, qui qualifie l’expérimentation de « farce ».

De nombreuses questions se posent sur sa méthodologie. Quelle est sa puissance statistique ? « Le problème de l’expérimentation, c’est qu’elle ne porte que sur un nombre très limité de rayons. Et la durée est courte », précise le professeur Serge Hercberg, qui dirige l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle de l’Inserm, qui a conçu le Nutri-Score.

Reste la question du coût de l’expérimentation :  2,2 millions d’euros. Alors que la part des industriels est majoritaire (52 %), la direction générale de la santé et l’Assurance-maladie contribuant à plus de 1 million d’euros, aucune information n’a été donnée sur les entreprises qui participent à ce financement.

Le Monde rappelle que l’étiquetage nutritionnel sera facultatif de toute façon, Bruxelles ne l’ayant pas rendu obligatoire.