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23 Avr 2017 | Trafic
 

Cinq ans de prison (dont un avec sursis) ont été requis, ce jeudi 20 avril, contre l’importateur présumé de 21 tonnes de tabac à chicha, interceptées en 2016 sur l’autoroute A13, puis saisies dans un entrepôt d’Aulnay-sous-Bois (voir Lmdt du 25 février 2016).

Pour le procureur de la chambre financière de Bobigny, la nuance entre trafic de tabac ou de stupéfiants est mince car l’enquête a caractérisé un trafic de deux ans en bande organisée.

•• Le filet s’est refermé dans une zone industrielle d’Aulnay-sous-Bois alors qu’étaient déchargés 1 830 colis (21 tonnes de tabac à chicha cachées au milieu de 5 tonnes de thé), partis du Havre.

Au procès, la gérante de l’entrepôt, placée en détention provisoire à l’époque, a nié toute implication : elle rendait service à un ami qui « travaillait avec la mairie et faisant dans le caritatif en envoyant des conteneurs en Afrique ». Elle ne s’est jamais douté que certaines palettes renfermaient aussi 607 cartouches de Marlboro de contrefaçon, apparemment.

L’ami, Monsieur S, père de famille sans casier et manifestement très débrouillard, s’est longtemps entêté à tout nier, puis a reconnu trois voyages : « des coups d’essai de 5 ou 7 tonnes ».

Il a tout de même expliqué qu’un Roumain « rencontré porte Maillot » l’aurait mis en relation avec un certain Bassam, à Dubaï, pour exporter du tabac à narguilé, contre 10 000 euros le convoi. Acheté 12 euros le kilo, revendu trois fois le prix, le trafic aurait permis un coquet bénéfice global. La marchandise était déclarée comme du thé ou de l’encens, importée au nom de vraies entreprises, dont les documents avaient été récupérés frauduleusement.

•• « Il faut quand même une structure, une organisation ! », a souligné le président, sceptique à l’idée que Monsieur S. puisse tout gérer tout seul. Sur un cahier de comptes saisi figurent des inscriptions et des montants, « toi, moi, lui », « 5000 pour les Salaf ». « Et pour écouler la marchandise ? » demande le président. « Ça se vend comme des petits pains », répond le prévenu.

L’avocate de Philip Morris a réclamé près de 10 000 euros de préjudice. Quant à la douane, elle réclame près de 7 millions d’euros pour la totalité des convois. Verdict le 26 mai.