Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
7 Déc 2016 | Trafic
 

marseille-revendeur

On n’apprend pas de grand scoop sur le business de la cigarette de contrebande à Marseille dans les « confessions » d’un trentenaire (anonyme) publiées dans le quotidien de La Provence de ce mardi 6 décembre.

Son récit fait plutôt penser à l’assemblage des pièces d’un puzzle qui sortent d’un sac régulièrement (voir Lmdt des 24 novembre et 21 avril 2016 ; 23 et 12 octobre, 2 février, 24 janvier 2015).

Et c’est très révélateur. Extraits à lire comme un polar …

• Selon Abdel (nom d’emprunt), « les clopes, cela peut rapporter plus que le shit, si on est intelligent ». C’est donc là qu’il a fait carrière, démarrée en 2008, un an après son arrivée en France depuis l’Algérie. Quelques paquets par jour au début avant de se constituer une clientèle « de toutes les couleurs, de toutes les catégories sociales, certains même qui viennent du Var, comme une enseignante que j’ai longtemps servie ». Il assure n’avoir vendu que des « vraies » (pas la « merde » venue de Chine « qui arrive par la Belgique, puis par Paris »), « celles que l’on fait venir d’Algérie, de Tunisie et du Sénégal, les mêmes qu’en France », sans les taxes. Abdel estime ne pas être « un voyou, mais plutôt un commerçant ambulant ».

• « À ma meilleure période, j’ai vendu à des gros vendeurs qui eux liquidaient cela au détail jusqu’à 2 à 3 cartons de 50 cartouches par jour ». Achat entre 20 à 30 euros là-bas, revente à 50 euros ici. « Cela fait environ 7 500 euros de chiffre d’affaires par jour auxquels il faut enlever le salaire des mules et celui des transporteurs qui récupèrent les clopes à la sortie du ferry (au port, ndlr). En gros, il reste 3 000 euros ».

• Les mules ? Des voyageurs lambda qui « veulent se faire un peu d’argent en ramenant 20-30 cartouches, parce que ça leur rembourse leur billet pour aller au bled », mais « aussi et surtout les marins des compagnies qui font le trajet ». Selon Abdel, ils seraient un certain nombre à tremper dans la combine touchant en moyenne « 5 euros par cartouche, donc 500 euros pour deux cartons ».

• « Il peut arriver des centaines de cartons par les bateaux de voyageurs ou de marchandises. Tu peux aussi les faire passer par l’avion. Tu rentres jusqu’à 300 cartouches dans plusieurs valises de soute. Et puis, tu as le haut niveau auquel, même moi, je n’ai pas accès et dont je ne sais quasiment rien : ce sont les très grosses livraisons, qui se font à l’Estaque et au port de Port-de-Bouc. Là, on parle de containers entiers ».

• Un business qui rapporterait autant que la manne du cannabis et qui nécessite une organisation    similaire : « Il y a des grossistes, des chefs de réseau, de secteur, et surtout des nourrices ou des caches impeccables. Les condés (la police, ndlr) ne m’ont jamais pris la marchandise, c’est ce qui m’a permis d’être arrêté plusieurs fois et d’écoper seulement de six mois ferme qui sont tombés en payant une forte amende. Je louais souvent des chambres d’hôtel où j’entreposais tout, en filant un pourboire au gérant » détaille Abdel.

• Les secteurs ou spots les plus courus de Marseille : Noailles, la porte d’Aix, le marché aux puces des Arnavaux où des dizaines de vendeurs s’activent chaque jour. Le dernier en date : le boulevard National « qui commence à bien tourner ».

• Enfin … il s’agit d’un business assez faiblement puni et qui fait vivre « des milliers de personnes dans la cité phocéenne » et provoque des rixes (voir Lmdt des 28 novembre et 11 septembre).