Circonspection, être circonspect … pour une fois, on comprend bien ce que cela signifie.
Peu de gens s’avisent à donner un pronostic sur les deux qualifiés de dimanche soir. Encore moins s’ouvrent sur leur choix personnel.
Dans cette campagne sans thème fort, néanmoins marquée par la volonté de changer beaucoup de choses, une ambiance lourde s’est installée avec les derniers événements. Que va-t-il en sortir ? Circonspection.
Et ces formidables ausculteurs de l’opinion publique au quotidien que peuvent être les buralistes le confirment, au fil des échanges avec leurs clients en ce samedi matin.
Mais alors, que peuvent attendre les buralistes de ce scrutin présidentiel ? On laissera soin à nos lecteurs de se référer aux réponses livrées par les principaux candidats aux interrogations du Losange (voir Lmdt du 8 avril) et des anti-tabac (voir Lmdt du 12 avril) pour tenter de se faire une opinion. Mais force est de reconnaître qu’ils sont restés dans des considérations plutôt générales. Ah ! La vraie vie …
•• Les candidats ont à peine évoqué le paquet neutre dans leurs réponses ; certains pour l’approuver ; d’autres pour demander une simple évaluation. Comme une acceptation générale qui contraste avec ce qui se passe sur le terrain où des députés – plus proches des buralistes – sont prêts à le remettre en cause afin de « cliver » avec la majorité sortante (voir Lmdt du 15 avril).
•• Sur les prix, le discours dominant s’impose (« seule arme de lutte contre le tabagisme »), et certains s’engagent en faveur du paquet à 10 euros, dès maintenant . Avec une méconnaissance du sujet et de son contexte qui reste inquiétante.
D’ailleurs, le marché parallèle du tabac n’est abordé que de façon caricaturale par les candidats, du moins par leurs équipes chargées de rédiger les réponses à leur place. Par ailleurs, aucun politique n’a réagi à l’annonce médiatisée du lancement de la LCB (voir Lmdt du 29 mars).
•• Seule consolation pour les buralistes : la plupart des candidats estiment nécessaire le maintien du monopole – pour la distribution du tabac – et de leur rôle de réseau référent pour la FDJ.
•• Concernant ces phénomènes significatifs de l’évolution de notre société que sont l’arrivée de la cigarette électronique et le développement continu de la consommation du cannabis, la première est quasiment ignorée des programmes, alors que le second s’avère traité de façon anecdotique. Malgré les demandes répétées de réglementation sérieuse.
•• Quant au discours des radicaux de la lutte anti-tabac, il ne s’est guère fait entendre. Au fil de cette campagne, personne n’a défendu le bilan (dont le paquet neutre) du gouvernement dont fait partie Marisol Touraine, laquelle ne s’est pas engagée en faveur d’un candidat.
Et flop général pour la pétition de Michèle Delaunay (voir Lmdt du 22 novembre 2016) qui soutient Benoit Hamon.
Tout cela passera-t-il à la trappe, dimanche soir ? Il faudra attendre les élections législatives.