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20 Avr 2019 | Profession
 

Portrait flatteur de Jeanne Pollès (président de Philip Morris France) dans la rubrique « Carnet » des Échos du 19 avril. Nous le reproduisons ci-dessous.

« C’est un petit café parisien, avec ses tables en Formica, ses ardoises barbouillées à la craie, un coin tabac et un comptoir en zinc. C’est là que Jeanne Pollès, désormais présidente de Philip Morris France, a fait ses premiers pas professionnels. C’était il y a trente ans. Et pour le cigarettier, déjà. Son premier rôle ? Arpenter les tabacs des 9e et 2e arrondissements de Paris pour représenter les marques Marlboro, Chesterfield et Virginia Slims (voir Lmdt du 28 juin 2018).

•• « Un paquet de cigarettes coûte alors 5 francs, soit moins d’un euro, contre près de 9 euros aujourd’hui. « À l’époque, j’étais très timide » lâche dans un grand sourire cette femme fonceuse, chaleureuse, qui désormais, n’hésite pas à monter au créneau : « le gouvernement utilise l’arme du prix dans un pays qui compte 12 millions de fumeurs réguliers. C’est regarder les choses par le petit bout de la lorgnette ! ».

« À 54 ans, Jeanne Pollès n’a rien perdu de sa fougue et reste terriblement attachée à son entreprise. « On nous accuse de tous les trafics ! Or, nous avons une approche responsable » déclare-t-elle. Le tabac est un produit dangereux. Mais on ne force pas les gens à fumer et c’est un produit légal. »

« Et d’ajouter, avec foi, que Philip Morris est en route vers un monde sans fumée (voir Lmdt du 16 avril 2019). Et œuvre à proposer des alternatives aux cigarettes. Au prix de six milliards de dollars d’investissement, la firme a développé, entre autres, un appareil baptisé IQOS, qui chauffe des sticks de tabac au lieu de les brûler, détaille-t-elle (voir Lmdt des 4 mars et 28 février 2019).

« Chez Philip Morris, elle est pourtant entrée par hasard. Cette Parisienne, dont les parents auvergnats tenaient une brasserie boulevard du Temple, voulait plutôt devenir psychologue. Mais faute de place à l’université Paris Descartes, elle se lance dans un BTS d’action commerciale. Une révélation. « Pour la première fois de ma vie, j’ai adoré aller à l’école », avoue la dirigeante, qui a étoffé son cursus avec un troisième cycle en marketing de l’Esig et un stage chez Morgan Bryant Marketing, à Londres.

« En 1988, Jeanne Pollès a 23 ans. Lors d’un week-end à Paris, elle escorte une copine dans un Salon de recrutement. Et tandis que l’amie laisse sa bio sur le stand de Philip Morris, Jeanne Pollès entame, entre deux Marlboro rouges, une discussion avec le recruteur qui l’invite à envoyer son CV. « Je ne l’avais pas sur moi, raconte-t-elle. Mais je me suis dit que travailler chez Philip Morris un ou deux ans serait une belle carte de visite pour ma carrière. »

« Jeanne Pollès rejoint le groupe dès 1989. Chez ce fabricant de tabac, qui emploie 80 000 salariés dans le monde, elle gravira tous les échelons, occupant des fauteuils souvent attribués à des hommes. D’emblée, elle est la seule femme sur une quarantaine de commerciaux parisiens. Elle sera la seule, aussi, sur le terrain lors des matchs de football de son équipe, et la première à occuper nombre de responsabilités : administration des ventes, gestion d’une région, direction des ventes ou du marketing, présidence du groupe en France …

« Sur le tas, elle apprend l’autonomie, l’écoute, l’empathie, l’action … jusqu’à devenir, en 2013, senior vice-présidente corporate affairs monde à Lausanne, avant d’embarquer trois ans plus tard pour New York, où elle devient responsable du Canada et de l’Amérique latine.

« Toutefois, son mari et son fils ne se plaisant pas à Manhattan, cette femme de caractère n’hésite pas à lâcher son statut au Comex pour redevenir numéro un en France. « Je ne sais pas faire les trucs à moitié » glisse-t-elle. « Elle est généreuse et dotée d’une impressionnante capacité à tout dédramatiser » affirme son époux, Gildas Blochet. »

« Fan du « Bureau des légendes » et de polars, cette golfeuse, parfois émotive, dit avoir arrêté de fumer en 2009 « par hasard », en Ecosse où le froid glacial l’a dissuadée de sortir allumer ses cigarettes. « Elle est charismatique, authentique » confie François Dutreil, président de l’Association des fournisseurs de cigares en France. Pas le genre à diriger Philip Morris en se cachant derrière un écran de fumée. »