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4 Mar 2018 | Profession
 

Lors d’un entretien avec Isabelle Gounin-Lévy, sur LCI (le 1er mars), Philippe Coy a eu le temps de revenir tant sur l’augmentation des prix du tabac que sur l’horizon qui se dessine aux yeux des buralistes :

• Isabelle Gounin-Lévy : « Cette forte hausse va-t-elle faire baisser les ventes ? »

• Philippe Coy : « C’est une marche significative dans la progression menant au paquet à 10 euros. Le Gouvernement l’a fait voter en octobre dernier. Nous n’avons pas connu une telle hausse depuis 2004. Effectivement, nous imaginons que des effets collatéraux vont s’intensifier avec des achats hors du réseau des buralistes. Tel est le danger d’exercer une forte pression fiscale alors que nous avons déjà, en France, les prix du tabac les plus élevés d’Europe continentale … »

• Isabelle Gounin-Lévy : « … mais en même temps, vous annoncez une révolution culturelle en engageant le réseau des buralistes contre le tabagisme ... »

• Philippe Coy : « Je crois qu’il y a une volonté mondiale, européenne, française de lutte contre la prévalence tabagique et d’accompagnement des objectifs de santé publique en la matière. Et je ne vois pas pourquoi les buralistes n’en seraient pas partenaires. Il n’y a rien d’antinomique.

« Nous avons un monopole accordé par l’État pour vendre un produit légal. Mais nous ne sommes pas fermés à l’évolution de la société et aux nouveaux usages : je pense notamment au vapotage. »

• Isabelle Gounin-Lévy : « … mais que vont devenir ces buralistes que vous allez faire évoluer ? »

• Philippe Coy : « Les buralistes, c’est déjà un formidable réseau de 25 000 entrepreneurs et 80 000 emplois qui accueillent 10 millions de clients, dont 42 % ne sont pas des fumeurs.

« Le buraliste de demain doit évoluer avec d’autres produits … bancaires, par exemple. Nous ouvrons déjà 30 000 comptes Nickel par mois. Ce qui nous place en la matière – nous petits commerçants indépendants – devant les grandes enseignes bancaires. Nous avons bien relevé ce défi, ce n’est pas fini, si j’ose dire … »

• Isabelle Gounin-Lévy : « … et les jeux … »

• Philippe Coy : « Le jeu représente notre deuxième poste économique. Voilà pourquoi il était important d’avoir un accord-cadre avec la FDJ. Car les jeux, c’est de la croissance, du soutien à nos entreprises. Et nous sommes actuellement en discussion avec le PMU. Nous allons donner ainsi une dynamique à l’ensemble de nos partenaires, mais aussi à notre propre réseau. »

• Isabelle Gounin-Lévy : « … il y a aussi les colis … »

• Philippe Coy : « Cela correspond au commerce digital qui prend de plus en plus d’importance, bien souvent au détriment de l’activité commerciale des centre-villes et centre-bourgs, avec une croissance de 40 % l’année dernière. Alors que le commerce de proximité, que je représente, a progressé de 7 % dans sa globalité.

« Internet est pratique car permettant d’acheter à n’importe quel moment mais ensuite il faut toujours récupérer physiquement le produit : nos 25 000 entreprises – avec leur sens du contact humain et du service – ont un rôle à jouer pour développer des services de conciergerie répondant aux besoins de tous les Français : de l’alimentaire aux appareils de connectiques, par exemple.

« En fait, si je devais vous décrire l’offre de demain, j’en serais incapable car la société et ses modes de consommation vont tellement vite … ».

« Mais nous allons nous donner les moyens d’adapter ce réseau, où qu’il soit : dans les zones rurales ou les villes. Mon ambition est que le buraliste soit le drugstore de la vie des Français ».