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21 Mai 2015 | Profession
 

Thierry Lefebvre Haut RhinVente de tabac en baisse de 5,6 % en 2014, diminution d’un tiers du nombre de buralistes en dix ans, concurrence des cigarettes allemandes 20 % moins chères … Président des buralistes du Haut-Rhin et vice-président de la Confédération nationale, Thierry Lefebvre explique, dans un article très complet dans le quotidien L’Alsace du 19 mai, pourquoi les « buralistes ont le blues, notamment en Alsace » où ne cessent  de s’accumuler les handicaps.

• Difficile d’être en zone frontalière, précise Thierry Lefebvre, d’autant plus s’il n’y a pas de barrière naturelle (comme les Pyrénées entre Sud-Ouest et Andorre ou Espagne) : « sur l’axe Allemagne-Luxembourg-Belgique, on a des centaines de points de passage qui empêchent tout contrôle, à l’inverse des Pyrénées où il y en a trois. À cela s’ajoutent 80 000 travailleurs frontaliers qui font le trajet tous les jours ». Le calcul est vite fait rappelle-t-il : entre le paquet français à 6,50 et 7 euros, le paquet allemand  à 5,10 euros et le paquet luxembourgeois à 4 euros.

• À cette distorsion de concurrence européenne en matière de prix, s’ajoute la mise en cause directe dont les buralistes s’estiment victimes de la part des pouvoirs publics. « Non seulement les règles fiscales ne sont pas les mêmes, mais en plus, la situation s’aggrave avec, bientôt peut-être, le paquet neutre et l’obligation pour les clients, à chaque achat, de présenter une pièce d’identité. Je ne vois pas où est la prévention dans cette histoire. Qu’on fustige le produit … à la limite, mais pas les buralistes qui, depuis des années, sont les boucs émissaires ».

• Le tabac, un lobby ? Thierry Lefebvre ne supporte pas que les buralistes soient assimilés aux multinationales du tabac : « en France, le dossier (de la lutte contre le tabagisme) est entre les mains d’une centaine de personnes qui agissent de manière idéologique, par hygiénisme, en voulant un monde parfait. Mais ce n’est pas parce qu’on va supprimer les buralistes qu’il n’y aura plus de gens qui fument. Aujourd’hui, 26 % du tabac provient du marché parallèle, et en Alsace, plus de 60 % des cigarettes proviennent de l’étranger. Les gens du ministère de la Santé et leurs lobbyistes à Paris ont des œillères puisque pour eux, le marché parallèle n’existe pas. Mais Bercy n’a pas le même avis, évaluant à 3 milliards d’euros le manque à gagner fiscal ».

• Ce qui exaspère aussi Thierry Lefebvre : entendre les députés français et leurs homologues européens se renvoyer la balle sur la responsabilité de la distorsion des règles de concurrence, alors que « pendant ce temps, le marché parallèle explose ». Alors pourquoi pas préconiser « l’interdiction de circulation du tabac en Europe, comme deux autres produits, à savoir les armes et les médicaments (…) Parce que, comme l’affirment les autorités sanitaires, le tabac tue, comme les armes. Interdire la circulation du tabac en Europe aurait, pour nous, un effet positif ».