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26 Avr 2017 | Profession
 

Débat sur France 5 – dans son émission « La Quotidienne » de ce lundi 24 avril – à propos du lancement de la cigarette LCB (voir Lmdt du 29 mars). Sur le plateau … des sceptiques :  notamment sur l’efficacité par rapport au marché parallèle et à propos du rôle de la Confédération. Sachant que la majorité des participants sur le plateau se classait, avant tout, parmi les anti-tabac. 

•• À commencer par Emmanuel Béguinot (Comité national contre le Tabagisme) : « ce produit ne va absolument rien changer. Les mesures pour lutter efficacement contre le tabac passent par un système de suivi et de traçabilité qui soit indépendant des fabricants. Car les cigarettes de contrebande sortent des machines des fabricants.

« Mettre cette cigarette (la LCB, ndlr) à 6,60 euros, c’est un niveau relativement faible qui est attractif pour les jeunes et ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent. Les buralistes sont sur une optique d’attirer de nouveaux consommateurs ».

•• Propos repris par Bertrand Dautzenberg : « la promotion d’une cigarette est intolérable. Et les articles de presse sur la LCB, c’est de la promotion pour une marque. Je ne sais pas si les buralistes vont la faire. Je pense que c’est du lobbying général et qu’un jour, ils vont regarder les inconvénients et les avantages de faire une bêtise (…) Les buralistes n’ont pas évalué le coût à payer s’ils décidaient d’aller au bout de ce projet ».

« Si l’État avait signé la convention-cadre (de l’OMS, ndlr), il aurait interdit de subventionner les buralistes devenus cigarettiers. Les buralistes étaient jusqu’à présent des préposés ayant une charge de santé publique. S’ils deviennent cigarettiers, l’État doit immédiatement arrêter les subventions ».

•• Stephen Lequer, directeur de Droit des Non-Fumeurs (une nouvelle tête arrivant chez les anti-tabac, professeur à Sciences-Po) : « cela devient incohérent qu’un distributeur devienne producteur. La marque est lancée par la Confédération qui est liée par un Contrat d’avenir dans lequel les buralistes prétendent être des acteurs de santé publique avec l’obligation de s’investir contre le tabagisme. Ils touchent encore 227 millions d’euros par an ». 

En même temps, c’est la Confédération qui lance la LCB et pas les buralistes, souligne Stephen Lequer.

•• Pour le chroniqueur Fabien Bordu (spécialiste argent et patrimoine de France 5), la LCB ne va rien changer au regard du marché parallèle du tabac et des ventes frontalières : « Pour un fumeur français acheter un paquet à 6,60 euros fabriqué en Bulgarie … alors qu’un voyage en Espagne lui permet de s’approvisionner avec un paquet à 4,90 euros …vous imaginez …avec les copains,  quand on habite à 50 kilomètres de la frontière… ».

Un constat confirmé à demi-mot par le représentant de DNF, qui revient, pour la contester, sur la stratégie « marque de distributeur » de la LCB tout en reconnaissant la problématique de manque d’harmonisation des prix en Europe.

•• Conclusion de Gérard Michel, spécialiste « juridique » de la chaîne : « On est dans un monde de faux-jetons. Maintenant, l’État ne produit plus de tabac, taxe plus fort de temps en temps, interdit de temps en temps, et comme les buralistes lancent leur propre marque …on laisse faire. Une politique incohérente ».