Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
19 Juil 2015 | Profession
 

JDDLe Journal du Dimanche rallume une nouvelle polémique contre les buralistes. 

Avec la signature d’un spécialiste du genre : Mathieu Pechberty, auteur du livre « L’État accro au tabac » (voir Lmdt des 16 et 15 octobre 2014). Et à une date qui ne doit rien au hasard : à trois jours d’une manifestation des buralistes contre le paquet neutre de Marisol Touraine, devant le Sénat (voir Lmdt des 16 et 18 juillet).

•• Plutôt que de s’intéresser à la vraie vie économique des 25 700 buralistes – et à leurs difficultés actuelles (plus d’un millier de fermetures provisoires ou provisoires l’année dernière) et futures (avec le paquet neutre) – on joue le sensationnalisme en faisant paraître (sans indication de source) le top 50 des buralistes avec les plus grosses remises tabac de France.

Derrière ce tableau en trompe l’œil, ressort la grosse ficelle d’un message « suggéré » encore plus grossier : « les buralistes se plaignent mais ce sont des nantis ».

À partir des résultats des 50 premiers … en oubliant les 25 650 autres ! De l’art de prendre les lecteurs pour des imbéciles.

•• Et si l’on parlait sérieusement de la rémunération tabac des buralistes ? Prenons le chiffre d’affaires tabac annuel vendu, au total, par le réseau officiel des buralistes : 17,5 milliards d’euros. Ce qui revient à une remise brute globale de 1,5 milliard d’euros.

Ce qui donne une moyenne de remise brute par buraliste de 58 000 euros, par an. C’est une moyenne, mais elle fournit un ordre de grandeur de ce que doit être la rémunération tabac du buraliste du coin, en fonction de son emplacement et de la taille de son établissement …

Sur cette moyenne de 58 000 euros, le buraliste doit déduire son droit de licence (en fonction de son chiffre d’affaires) et sa cotisation retraite.

On arrive à une moyenne de 46 000 euros par buraliste. Ce chiffre n’est pas un salaire mais il entre dans la comptabilité de son affaire. Il faut donc en déduire encore la part correspondant à ses charges d’exploitation ainsi qu’aux impôts et taxes.

Faut-il rappeler que les buralistes travaillent en moyenne 6 jours sur 7, au rythme de 14 heures quotidiennes ? Et que bien souvent, ils remboursent encore l’emprunt auquel ils ont dû avoir recours pour investir dans leur affaire. Mais cela, on en parle pas.

•• Depuis le temps que le sujet l’intéresse, on est curieux de savoir quand Matthieu Pechberty va vraiment passer une journée (voire plus) aux côtés d’un buraliste pour un vrai reportage terrain. Ce serait plus réaliste que l’exploitation d’un tableau arrivé comme par hasard sur sa boite mail. Et cela permettrait de confronter les chiffres mirobolants aux dures réalités.

Il y a quelques mois, il a bien passé un peu de temps à suivre de près les problèmes de logistique tabac. Le temps d’un reportage sur les problèmes d’insécurité (voir Lmdt du 11 décembre 2014).