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28 Juil 2015 | Profession
 

Agression buraliste PerpignanLa buraliste de la place de la République à Perpignan, grièvement blessée avec son fils à coups de couteau dans la soirée de vendredi (voir Lmdt des 25 et 27 juillet), se rétablit et vient de relater, de son lit d’hôpital, les faits décrits pour L’Indépendant. Ce n’était pas qu’un geste de démence, mais un braquage … ultra-violent provoqué par le contenu de la caisse.

« Des cinglés, j’en croise tous les jours. Mais elle, elle était discrète. Elle attendait son tour et venait pour des jeux. » » Elle, c’est cette femme de 38 ans, ancienne SDF en voie de réinsertion, qui est entrée dans le débit de tabac de Sandrine, comme tant de fois auparavant.

« La porte s’est ouverte, je n’ai pas fait attention, j’étais penchée sur la table, de profil par rapport à l’entrée. Elle a dit quelque chose, il me semble, et je me suis relevée. À cet instant j’ai senti un pic, et une sensation de chaleur. J’ai tout de suite compris que c’était du sang, avant même de le voir. J’ai hurlé à mon fils : « Appelle le Samu, appelle les flics ! ». Elle continuait de me menacer de son couteau en répétant : « Donne-moi la caisse ! ». Elle l’a dit au moins trois fois, pendant que je lui criais de dégager ».

À ce moment-là, Vincent, quitte le comptoir, le téléphone à la main, pour venir en aide à sa mère : « Elle s’est jetée sur lui et l’a poignardé au cou. J’ai vu le sang gicler et j’ai tout de suite pensé à la carotide… Mais cela n’a pas arrêté Vincent, qui l’a repoussée jusqu’à l’extérieur et l’a jetée à terre. Elle est restée là, calmement, pendant que je criais « Sauvez-nous ! ». Alertés par les cris, les serveurs du Petit Moka, à coté, se précipitent. Et Sandrine, avec une lucidité à peine croyable, retrouve immédiatement les réflexes surgis de son passé d’infirmière.

« Je leur disais : « Levez-nous les jambes, comprimez les plaies, dites qu’il faut nous perfuser ». Cela m’a semblé tellement long. Je voyais ce sang couler, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il ne devait plus nous en rester beaucoup. » La terreur de Sandrine, celle qui se reflétait alors dans les yeux de Vincent, prendra finalement fin avec l’arrivée des secours.

Transportée à la clinique Saint-Pierre pour une blessure sous-claviculaire, avec rupture d’une artère et de deux muscles, Sandrine apprendra que les blessures de Vincent, emmené de son côté à l’hôpital, sont superficielles. La lame a sectionné une artériole et un muscle, mais Vincent récupère.

« C’est mon héros. Il m’a sauvée. Il m’avait toujours dit qu’il serait là pour moi. Il a fait plus que cela. » Ces retrouvailles, c’est le seul repère dans le futur proche de Sandrine. Le reste se perd dans un haussement d’épaules.

« Reprendre le travail, je ne sais pas encore. Ce n’est pas ma priorité. Quand nous avons repris le commerce avec mon associée, il y a un peu plus de deux ans, je me suis toujours refusé à penser aux braquages, à venir travailler la peur au ventre. On le sait, être commerçant aujourd’hui à Perpignan, sur cette place, avec la faune qui y traîne, ce n’est pas le plus facile. On y est sans cesse agressé verbalement. Mais aujourd’hui, il est temps de sécuriser cette ville. La police municipale est là, régulièrement, et je comprends bien qu’ils ne peuvent pas mettre un flic devant chaque commerce. Mais des gens dangereux, cette ville en est pleine. Et s’il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est que cela n’arrive pas qu’aux autres ».