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8 Mai 2016 | International
 

FDA+Approved+StampLes « vapeurs de la Vape » ont beau se démarquer de la filière tabac (en multipliant les agressions gratuites à son encontre), ils se retrouvent inéluctablement confrontés aux mêmes contraintes dès lors que le rouleau-compresseur d’une certaine réglementation sans discernement se met en branle.

Il suffit de jeter un œil du côté des États-Unis où la puissante US Food and Drug Administration (FDA) vient de récupérer le tabac et tous produits assimilés (dont la e-cig) sous sa coupe (voir Lmdt du 6 mai).

•• L’une de ses nouvelles prérogatives consiste dans le fait que tout produit introduit sur le marché après le 15 février 2007 (ce que les professionnels appellent là-bas la « grandfather date », établie par « the Tobacco Control Act » de 2009) doit faire maintenant l’objet d’une homologation FDA : un processus techniquement long (entre 1 500 et 5 000 heures de travail par produit) et coûteux : « plusieurs centaines ou milliers de dollars » d’après Mitch Zeller (director of FDA Center for Tobacco Products) ; en fait, plus d’un million de dollars, par produit, d’après les estimations plus réalistes des professionnels coutumiers des procédures administratives américaines.
Soit des investissements peu accessibles tant aux petits fabricants et importateurs de cigares qu’à nombre d’industriels de la cigarette électronique.

•• Les producteurs de cigares craignaient la mesure (voir Lmdt du 1er mai). D’après la FDA, la moitié des références en cours est concernée. Sans compter les cigares cubains dont l’arrivée sur le marché américain n’est plus à exclure, à terme (voir Lmdt du 7 mars).

Réaction du « International Premium Cigar & Pipe Retailers Association » : « la réglementation de la FDA sur les cigares aura un impact dévastateur sur les points de vente comme pour les fabricants. Le consommateur va avoir moins de choix. Alors que le problème de l’accès des jeunes au tabac n’est pas un sujet pour le segment des cigares premium qui fait vivre 35 000 professionnels aux États-Unis ».

Pour J. Glynn Loope ( director of Cigar Rights of America ) : « nous demandons au Congrès d’agir, dès cette année, pour protéger la communauté des vendeurs de cigares, pour garantir aux adultes la possibilité d’accéder à des produits légaux et pour  s’opposer à la menace économique et politique que représente cette réglementation à l’égard des fournisseurs d’autres pays d’Amérique centrale et du Sud ».

•• Tout le secteur de la cigarette électronique est secoué, aucun de ses produits n’existant avant 2007. Sachant que la réglementation FDA concernerait les appareils, les e-liquides avec ou sans nicotine, les arômes mais aussi les résistances, les batteries, les cartomiseurs, les tanks, les réservoirs, les écrans de contrôle des batteries, les logiciels programmables, les solvants pour e-liquides …
« Il y a des milliers de petites entreprises et des dizaines de milliers d’emplois qui sont touchés » d’après Gregory Conley (president of the American Vaping Association).

•• Il faudrait une démarche législative du Congrès pour amender le texte donnant tant de prééminence réglementaire à la FDA. Des amendements sont déjà en circulation à la chambre des représentants pour que l’homologation de la FDA sur les cigares premium et la cigarette électronique ne s’applique qu’aux produits proposés au marché à partir de maintenant.

•• Pour donner une idée de l’ambiance régnant dans le dialogue entre professionnels et FDA : interrogé sur les vertus de sevrage tabagique de la cigarette électronique, Mitch Zeller (déjà cité plus haut) a répondu que les cas de fumeurs ayant quitté le tabac grâce à la vape relevaient de « preuves anecdotiques insuffisantes pour bâtir une politique à l’échelle de la population ».

De part et d’autre de l’Atlantique, un même déni de la réalité.