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7 Jan 2019 | Pression normative
 

« Tabac, clope, cigarette … » pourraient-ils disparaître, à terme, de notre vocabulaire ? L’émission « Les mots de l’Info » de France Info a voulu étudier la question, ce samedi 5 janvier, avec François Bourdillon (Directeur général de Santé Publique France) et le professeur Bertrand Dautzenberg.

•• Un million de fumeurs en moins entre 2016 et 2017 (voir Lmdt du 28 mai 2018) … mais il reste douze millions de fumeurs. Peut-on imaginer une génération sans tabac » ?

François Bourdillon : « Il y a eu 250 000 inscrits sur le site du « Mois sans Tabac », soit 100 000 de plus qu’en 2017. C’est un signe encourageant (voir Lmdt du 29 novembre 2018) ».

Bertrand Dautzenberg : « Et c’est une petite partie de la réalité. Beaucoup se sont mobilisés en s’inscrivant sur l’application « Tabac Info Service » ou en utilisant des substituts … On voit l’effondrement de 10 % du nombre de cigarettes vendues chaque mois en France depuis mars. »

•• Est-ce l’effet de la politique publique depuis plusieurs années ?

François Bourdillon : « Oui, c’est l’effet d’une politique cohérente et d’un ensemble de mesures allant du paquet neutre au remboursement des substituts en passant par l’augmentation du prix du tabac et la grande opération de marketing social « Mois sans Tabac ». On a pris le tabac par les cornes ».

« Tout le monde fume mais de moins en moins les jeunes. Et quand vous avez un million de fumeurs en moins, vous avez ceux qui ont arrêté et ceux qui ne sont pas rentrés dans le tabagisme ».

•• Parmi les mesures symboliques, le paquet neutre ? 

François Bourdillon : « Oui, ça a marché dans le sens où ça a diminué l’attractivité auprès des jeunes » »

•• … et l’augmentation du prix du tabac ? 

Bertrand Dautzenberg: « C’est très efficace et le paquet neutre aussi (…) Depuis la forte augmentation de mars (de l’ordre de 13 à 14 %), on a une baisse de consommation plus importante qu’attendue, de l’ordre de 11 %. Et cela sous la conjonction d’autres mesures (…) »

•• Çela veut dire quoi, exactement, « génération sans tabac » ?

Bertrand Dautzenberg : « Moins de 5 % de fumeurs quotidiens dans une tranche de population.

« Moi, je travaille surtout sur Paris (ndlr : en tant que président de « Paris sans Tabac »). La baisse est colossale chez les jeunes et on devrait y arriver avant 2030 (voir Lmdt du 1er juin 2018). Ce sont les jeunes nés en 2012 qui seront non-fumeurs.

« En Ile-de-France, on fume moins que dans les régions frontalières qui ne « bénéficient » pas de l’augmentation du prix puisque les pays voisins sont moins chers. Ou qu’en Corse où les taxes sont de moins 21 % par rapport au continent : le nombre de cancer y est supérieur de 20 %. »

•• On n’a pas parlé de la taxation sur le tabac lors du mouvement des « Gilets Jaunes » contre la fiscalité. C’est un signe que tout le monde l’accepte ?

François Bourdillon : « C’est une grande victoire pour cette taxe comportementale. D’autant qu’elle est recyclée pour faire la promotion de la santé ».

•• Et la e-cigarette ?

François Bourdillon : « C’est le moyen le plus utilisé pour arrêter de fumer. C’est important à savoir. Aujourd’hui, il y aurait entre 2,5 à 3 % d’utilisateurs de cigarette électronique. C’est un bon moyen de réduction du risque.

« Après, elle peut comporter des risques et il faut suivre le comportement des Français afin de s’assurer qu’elle n’est pas détournée, et que ce ne soit pas un objet qui serve les fabricants pour promouvoir les cigarettes ».

•• Génération sans tabac mais avec une e-cigarette ?

Bertrand Dautzenberg : « Je défends assez la cigarette électronique comme sortie du tabac. D’ailleurs, il n’y a qu’1 % des utilisateurs qui sont non-fumeurs.

« Cela dit, dix ans après la fin du tabac, je souhaiterais la fin de la vape ».