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18 Mai 2020 | Profession
 

Épisode numéro 8 de notre revue de presse des témoignages de buralistes à travers les régions (voir 17 et 16 mai).

•• Les Français auraient-ils plus fumé pendant le confinement ? Antoine Palumbo, président des buralistes de Moselle, ne le pense pas : « nous avons tout simplement retrouvé les fumeurs échappés depuis des années à l’étranger. On nous a demandé des seaux de tabac, ce qui n’existe pas chez nous. Des clients sont venus avec des sacs pour acheter plusieurs pots.

« Certains collègues ont dû aller effectuer du réassort deux fois par semaine au dépôt de Ludres. En 2003, cette évasion s’élevait à moins de 5 % du marché. Aujourd’hui, on l’estime à près de 30 %. »

Cette embellie, couplée à la bonne santé des ventes de la presse en début de confinement, ne signifie pas que la filière se soit soudainement enrichie : « cela a compensé l’arrêt de pas mal d’activités, comme le PMU ou les paris sportifs. »

Mais elle permet au réseau de faire preuve de solidarité, surtout dans ce département mosellan très touché : « nous allons offrir au centre hospitalier régional de Metz-Thionville un respirateur » (voir 2 avril). « On a répondu à l’appel de l’État. J’espère qu’on nous voit désormais d’un autre œil, comme un commerce d’utilité publique et locale » souligne Antoine Palumbo.

Pour les buralistes, c’est l’occasion de faire avancer leur combat pour une meilleure harmonisation des prix du tabac en Europe : « nous avons rentré de la fiscalité qui va faire du bien à l’État. Mais cette crise a bien montré que la politique de santé franco-française sur le tabac n’est pas la solution. » (Républicain Lorrain).

•• « Au tout début du confinement, certains se posaient la question de la nécessité de laisser nos commerces ouverts, mais je crois qu’aujourd’hui il n’y a plus de débat. Je suis fier des buralistes lotois qui ont été au rendez-vous des événements (…) nous sommes confortés dans notre utilité à la société » explique Thierry Scheid, président des buralistes du Lot et implanté à Carjac.

« Nous sommes un commerce d’utilité locale et, à ce titre, nous nous devions de rester au service de la population » poursuit-t-il, citant notamment le cas des petits magasins multiservices en milieu rural et la mobilisation sur des tâches modestes mais essentielles au quotidien (maintien des services postaux , impression des attestations de déplacement, …).

Ce que confirme un buraliste à Cahors : « on n’a pas arrêté de bosser pendant le confinement, on était vraiment débordé certains jours ».

Ce qui s’est le plus vendu, évidemment, c’est le tabac : + 50 % depuis le mois de mars. Le rayon presse a également bien marché, notamment les magazines de jeux et les revues scolaires. Autre point positif, le coin librairie qui a remporté un franc succès : « c’était quasiment le seul moyen de se procurer des livres pendant le confinement ».

« Depuis le lundi 11 mai, on note une baisse sensible de notre activité. Les gens étaient bien contents de voir leurs services de proximité fonctionner pendant la crise, il faut qu’ils pensent à nous dorénavant quand ils feront leurs courses » conclut-il (La Dépêche.fr).

•• À Rennes, certains buralistes à court de masques en tissu s’impatientent, d’autres ont annulé leur commande. Loïc Vilboux, président des buralistes d’Ille-et-Vilaine, comprend l’impatience de ses collègues.

Quelques rares livraisons ont eu lieu, malgré tout, « moi-même j’en ai reçu 200. Une centaine avait été réservée par des clients. Le reste est parti en une heure ! ».

« Tous les jours on nous en demande » confirme un confrère rennais, qui prend son mal en patience. « On devrait les recevoir sous deux semaines, de toute façon on les vendra vu qu’il va falloir s’habituer à vivre avec ce virus » annonce Loïc Vilboux (Ouest-France).

•• À Cambrai (Nord), un buraliste a décidé de ne pas vendre de masques : « … Mon prix sera deux fois plus élevé qu’en grande surface ! Imaginez, je vais me faire traiter de voleur, ce n’est donc pas possible … Je propose déjà du gel sans faire beaucoup de marge. »

« L’État peut dire ce qu’il veut, mais les grandes surfaces, elles peuvent le faire, ils vendent les masques à 50 centimes ! Mais pas nous. Il y a vraiment un problème avec les petits commerces » . Ouvert pendant toute la durée du confinement, il constate : « j’ai réduit mes horaires d’ouverture, mais je me pose des questions par rapport à mon personnel. Avec le tabac, les marges sont très faibles. Alors, on pioche dans la trésorerie qui s’effondre. Il faudra mettre la main à la poche. C’est vraiment compliqué » (L’Observateur).