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2 Oct 2012 | Observatoire, Profession
 

Parmi les interventions sur les plateaux télévisés d’hier, lundi 1er octobre, consacrés à la hausse du prix du tabac, celle du directeur des relations institutionnelles de BAT, Yves Trévilly, qui s’est prêté aux questions des journalistes de la matinale de Canal +. Avec des arguments de bon sens qui ont porté. Ils méritent que l’on revienne dessus.

• Est-ce que cette hausse va permettre à l’industrie de gagner de l’argent ?
Yves Trévilly : « Je ne sais pas si c’est l’objectif du gouvernement … La vraie question est de savoir si les objectifs du gouvernement – à la fois faire baisser le nombre de consommateurs de tabac et faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat – va être atteint. J’en doute … pour deux raisons. Un rapport d’information parlementaire, paru fin 2011, explique que les hausses de prix très fortes depuis 2003 ont eu pour conséquence essentielle de faire baisser les ventes dans le réseau des buralistes, mais pas la consommation. Et en faisant, de plus, exploser le commerce illicite. Ce qui pose un vrai problème de santé publique : des cigarettes à bas coût rentrent en France, qui sont d’abord achetées par les mineurs … Sans oublier le trou de 3 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. »

• Est-ce que l’Etat n’a pas intérêt à ce que le marché diminue ?
Yves Trévilly : « Le gouvernement annonce qu’il veut récupérer 1 milliard d’euros sur les ventes de tabac. Mais est-il sûr de les récupérer ? François Fillon a annoncé, en août 2011, une augmentation de 30 centimes du prix du paquet pour percevoir 600 millions d’euros. Avec un marché à – 3,7% depuis octobre, l’Etat n’a récupéré que 100 millions d’euros. Avec la hausse du 1er octobre, la plus forte depuis 2003, l’Etat table sur 850 millions de recettes sur les cigarettes et 150 millions sur le tabac à rouler. Je doute qu’il les récupère avec un paquet à plus 40 centimes sur un marché à – 4%. On va encore faire exploser les achats transfrontaliers : 15 à 18 milliards de cigarettes consommées chaque année en France viennent de l’étranger, déjà. »

• Et les politiques de santé publique?
Yves Trévilly : « Le problème, en France, tient en deux mots : cogestion et consanguinité. Cogestion entre le ministère de la Santé et les associations anti-tabac : le premier demandant aux secondes de contrôler l’application des lois qu’il fait voter. Cela n’existe nulle part ailleurs. Consanguinité entre les associations anti-tabac et les laboratoires pharmaceutiques. Il faut arrêter ça. On aura toujours le même bruit médiatique organisé par ces associations pour faire du buzz et avoir des plateaux TV, pour que les gens aillent s’acheter des substituts. C’est d’une hypocrisie totale. »