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20 Avr 2020 | Associations
 

Dans un communiqué du 17 avril, l’Alliance contre le Tabac apporte sa contribution au débat sur un potentiel « effet protecteur de la nicotine » contre le Covid-19 (voir 16 avril).

« L’Alliance contre le Tabac tient à mettre en garde contre toute reprise hâtive de tels propos tendant à la confusion entre tabac et nicotine et leurs effets respectifs sur l’évolution de patients atteints du COVID-19 ».

•• « L’Alliance contre le Tabac déplore la mise en avant d’un supposé effet protecteur du « tabac » contre un virus.

En effet, aucune information relative au tabac, lui-même responsable d’une pandémie entraînant le décès prématuré de 8 millions de personnes par an dans le monde, ne peut laisser entendre qu’un tel produit pourrait constituer une quelconque barrière contre les infections et être une solution en matière de santé publique.

Rappelons également qu’une étude récente publiée dans le New England Journal of Medicine, analysée dans le communiqué de presse de l’Alliance contre le tabac du 3 mars dernier, montre que le tabagisme induirait un risque accru de 133 %, par rapport à un non-fumeur, de développer une forme très sévère du COVID-19.

•• « Par ailleurs, la constatation d’un taux particulièrement bas de fumeurs chez les patients en réanimation atteints du COVID-19 (taux de 12,6 % de patients fumeurs en réanimation d’après une étude chinoise, pour une prévalence tabagique de 27,7 % en Chine, et de 1,3% d’après une étude américaine, pour une prévalence tabagique de 13,4 % aux USA) est, d’après l’Alliance contre le Tabac  à manier avec grande précaution dans la mesure où ces études semblent révéler de grandes imprécisions dans la prise en compte de ce facteur de risque au sein des échantillons observés.

•• « De plus, ces chiffres très bas par rapport à la prévalence tabagique connue de ces pays doivent également être analysés en fonction de l’âge moyen des patients étudiés.

En France par exemple, le Baromètre de Santé Publique France de 2018 indique que la prévalence de fumeurs dans la population au-delà de 65 ans est très inférieure au pourcentage moyen de la population générale : elle est de 11,3 % pour les hommes et de 8,8 % pour les femmes âgées de 65 à 75 ans contre 28,2 % pour les hommes et 22,9 % pour les femmes dans la population générale. Cette évolution de la prévalence est observée dans tous les pays.

« Or les formes graves hospitalisées de Covid-19 concernent principalement des personnes âgées et notamment des hommes. Il est ainsi difficile de rapporter le taux de fumeurs de cette population âgée à la population générale et de l’associer à une forme de protection quels que soient les arguments avancés.

•• « Si un effet protecteur de la nicotine vis-à-vis du COVID-19 reste encore à prouver, l’Alliance contre le Tabac estime que le rapport bénéfice/risque plaide largement en faveur de l’arrêt du tabac.

« D’autre part, l’Alliance contre le Tabac déconseille aux non-fumeurs d’utiliser des substituts nicotiniques en prévention et recommande aux utilisateurs de nicotine non fumée (vapoteurs exclusifs et personnes en sevrage) de ne pas s’attendre à être plus protégés que le reste de la population face à l’épidémie de COVID-19 et de respecter strictement les mesures barrières.

•• « Ainsi, l’Alliance contre le Tabac conclut que :

rien ne permet d’affirmer que les fumeurs soient plus protégés que le reste de la population contre le coronavirus. Ils risquent au contraire d’être plus touchés par une forme sévère de la maladie ;

le faible nombre actuel de patients fumeurs en réanimation est vraisemblablement lié au fait que la consommation de tabac diminue avec l’âge ;

les données épidémiologiques actuelles ne permettent pas d’étayer l’hypothèse d’un effet protecteur de la nicotine ».