Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
15 Avr 2020 | Profession
 

Épisode 29 de notre revue de presse régionale des témoignages de buralistes (voir 14, 13 et 12 avril

•• « C’est normal de rester ouvert, on est l’un des derniers liens sociaux de la ville » affirme le patron d’un bar-tabac-presse à Saint-André (à 5 kilomètres de Lille). « Et puis, on ne vend pas que du tabac, nous vendons aussi de la presse et assurons bien d’autres services ».

Depuis la fermeture du bureau de poste, le buraliste s’est débrouillé pour être approvisionné en timbres-poste, en enveloppes « prêts à poster » et surtout il se charge de déposer les recommandés des personnes ne pouvant se déplacer. En outre, il vend des cartes téléphoniques (car souligne-t-il : « Tout le monde ne peut pas avoir un abonnement »), assure aussi la vente à emporter de café pour les commerces en activité et, depuis la fermeture de la mairie et de la poste, les photocopies.

« Le plus important dans notre métier, alors que l’État nous donne des agréments, c’est d’être un service public assimilé. Nous avons la chance d’avoir en centre-ville des commerçants complémentaires, alors mettons à profit cette crise et faisons en sorte qu’il soit un centre commercial de proximité » (La Voix du Nord).

•• À Reims, tous les buralistes ne sont pas logés à la même enseigne. Ils souffrent surtout dans le centre, où certains ont même préféré fermer. Dans les quartiers, les ventes semblent au contraire augmenter. Le plus gros buraliste de la ville et de la Marne, avec un millier de clients par jour, a baissé le rideau, tout comme le pub auquel il est rattaché. Même chose au Relay de la gare, les usagers s’y faisant très rares.

Pour ceux qui ont fermé la partie café et maintenu la vente de tabac, c’est entre moins 50 à 70 % de clients en moins. « Et pourtant les gens ne peuvent pas aller en Belgique ou au Luxembourg. C’est incompréhensible » s’étonne une employée.

Dans un quartier plus excentré, le patron d’un tabac-presse voit « depuis le début du confinement, 60 % de clients en moins … Mais le panier moyen a augmenté, au point d’être presque multiplié par deux … Je mise sur +15, +20 %, la vente de tabac représentant 40 % de mon chiffre d’affaires. Les gens sont confinés, donc achètent plus de paquets à la fois, fument peut-être un peu plus. Avec ce qui se passe aux frontières, je vois des nouveaux clients arriver… ».

Alain Sauvage, (président des buralistes du département et trésorier de la Confédération) rappelle que « 80 à 85 % du réseau est ouvert, à Reims comme ailleurs, souvent avec des horaires aménagés. On observe que les buralistes de centre-ville accusent des baisses, alors qu’en périphérie ou dans les quartiers, les ventes sont en hausse ». Phénomène lié à la faible affluence en centre-ville, née du confinement et de la fermeture des cafés (L’Union).

•• Le patron d’un bar-tabac à Brûlon (à une quinzaine de kilomètres de Sablé-sur-Sarthe) pensait pouvoir prendre sa retraite … le confinement en a décidé autrement.

Quatre jours après la première annonce d’Emmanuel Macron, il a rouvert « pour ne pas abandonner ses clients et Je le fais aussi pour ma remplaçante. Reprendre un commerce n’est jamais facile et si les gens ne gardent pas l’habitude de venir, c’est encore plus dur. Ça permet aussi de rendre service à la population, d’éviter de se déplacer trop loin » explique-t-il. « La fréquentation a été divisée par quatre mais le chiffre d’affaires seulement par deux. Les clients achètent en plus grosse quantité ». »

Et si l’ambiance n’est plus la même que lors des soirs de matchs, le patron en profite toujours pour prendre des nouvelles de ses habitués. « La convivialité est encore là, même en période de confinement » sourit-il. « On va attendre gentiment au moins pendant un mois et puis on verra » conclut-il (actu.fr).

•• À Villentroy (à 10 kilomètres de Valencay, Indre), le tabac-épicerie multiservices anime le centre bourg six jours sur sept. «  Actuellement, nous avons notre fidèle clientèle, elle vient chercher la presse régionale, du tabac et des jeux » assure les deux buralistes .

« Mais, pour l’approvisionnement en tabac, comme nous ne sommes livrés qu’une fois par mois, ça nous arrive d’en manquer. Pour l’épicerie, nous sommes livrés normalement. Les clients sont plus nombreux et achètent plus qu’à l’accoutumée. Mais ils nous passent davantage leurs commandes. Nous nous adaptons au maximum afin de nous mettre à la portée des habitants, nous sommes là pour les aider… » (La Nouvelle République).

•• « Je travaille 7 jours sur 7, juste pour ne pas couler » peste le patron d’un bar-tabac-brasserie à Charleville-Mézières (Ardennes). Et même si la vente de tabac est en hausse (« je ne vends plus que du tabac et des jeux à gratter. J’ai le sentiment d’être un simple collecteur d’impôt, de trimer pour l’État), il ne dispose pas d’une trésorerie lui permettant d’amortir sereinement le choc. D’autant plus qu’il avait investi en prévision de l’été et acheté un bel écran de télé pour le championnat d’Europe, finalement reporté en 2021.

Il a déjà fait trois voyages à Reims pour se ravitailler en tabac, en plus des livraisons habituelles : « à chaque fois, je me suis retrouvé à la plateforme de dépannage avec une trentaine d’autres buralistes, des Ardennes ou de la Marne, qui sont dans la même situation que moi », raconte-t-il.

Et puis, ce sont aussi les liens sociaux qui manquent : « des fois, il n’y a personne pendant une demi-heure, je m’emmerde sec » (L’Ardennais).