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19 Nov 2018 | Profession
 

« Passé du statut de bonne idée à celui de fintech à succès rachetée par BNP Paribas en cinq ans, le modèle Nickel prouve déjà son efficacité dans un monde de néo-banques largement déficitaires ». Édouard Lederer en fait la démonstration dans la page « Stratégie » des Échos (édition papier du 15 novembre).

Une bonne synthèse sur les clés « des bons comptes du compte sans banque » qui insiste sur le rôle des buralistes. Extraits …

•• « (…) Avec le recul, l’arrivée du géant bancaire dans le « compte sans banque » n’a rien d’improbable. BNP Paribas apporte à Nickel sa force de frappe, notamment en matière de conformité et d’informatique, lui permettant de garder son avance industrielle. 

De son côté, Nickel donne un coup de vitamine à la banque de la rue d’Antin. Si elle est la plus grande banque de la zone euro par les actifs, BNP Paribas compte en France trois à quatre fois moins de clients particuliers que les mutualistes Crédit Agricole ou BPCE (toutes deux au-delà de 20 millions de clients).

La force de frappe commerciale de Nickel pourrait lui permettre de toucher une population plus large : l’offre Nickel était distribuée dans 3 800 tabacs à fin septembre (plus de deux fois le réseau d’agences de BNP Paribas) et vise les 10 000, à l’horizon 2020.

•• « Outre les banques mutualistes, Nickel permet aussi de concurrencer la Banque Postale dans les zones rurales.

Enfin, BNP Paribas affirme ainsi son intérêt pour la clientèle des buralistes, en leur assurant les services de paiement (au-delà des seuls besoins liés à Nickel). Entre la vente de cigarettes, de jeux à gratter et de timbres fiscaux, ce sont chaque année des dizaines de milliards d’euros de paiement qui transitent dans ces commerces indépendants.

•• « Ce passage sous le pavillon d’une banque « d’un monde qui change » n’était pas sans risque pour l’ADN de Nickel. Initialement pensée pour une population souvent dans le rouge, voire en interdit bancaire, la fintech a en réalité attiré une clientèle plus large : certains recourent à Nickel pour régler sans risque leurs achats en ligne (sans avoir à utiliser sa carte bancaire principale), d’autres y versent de l’argent de poche. Le rachat par BNP Paribas a amené à repréciser le discours : Nickel, ce n’est ni pour les riches, ni pour les pauvres (…) Cela a même permis à Nickel de sortir une nouvelle carte baptisée « Nickel Chrome », jouant des codes du haut de gamme, sans troubler son image de banque pour tous.

•• « Reste, comme pour toute success story française, à tenter le grand saut de l’international. Imparable sur le papier, le concept reste difficile à exporter. La raison réside dans sa principale originalité : Nickel est diffusé via les bureaux de tabac, et à bien y penser, ces commerces offrent un cocktail d’ingrédients difficile à reproduire.

Les bureaux de tabac sont à la fois fédérés (Confédération des buralistes), ce qui permet de nouer des accords avec l’ensemble de la profession et de proposer des formations. Et dans le même temps, ces commerçants sont des indépendants, ils sont donc directement intéressés au succès de Nickel (plus de passage dans le commerce, commission à l’ouverture du compte…) plus directement que ne le serait un réseau salarié.

•• « Avant de s’exporter, Nickel devra donc identifier le bon réseau de distribution (…) L’internationalisation de Nickel viendra « nécessairement », indiquait début octobre le patron de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé dans un entretien aux Échos.

Reste à deviner la destination choisie. Pour l’heure (et en incluant Nickel), la France est le seul marché sur lequel BNP Paribas exerce l’ensemble de ses métiers. Ses autres marchés dits « domestiques » (Belgique, Luxembourg et l’Italie) pourraient logiquement y prétendre aussi. À moins que Nickel ne permette de serrer les mailles du filet BNP Paribas dans d’autres zones prioritaires pour le groupe, comme l’Allemagne. »