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26 Oct 2014 | Profession
 

Cigares capitalisteÀ l’Assemblée nationale, jeudi dernier, dans ce débat surréaliste qui a préludé à l’adoption d’un amendement visant à aligner la fiscalité des cigares / cigarillos sur celle des cigarettes (voir Lmdt des 23 et 24 octobre), on aura entendu du grand n’importe quoi.

Ainsi, des propos de la députée PS Michèle Delaunay (voir Lmdt des 21, 22 et 23 octobre) quand elle a présenté son amendement : « Comme vous le savez, les droits de consommation sur les cigarettes rapportent à l’État 222 euros pour mille unités, contre 100 euros s’agissant des cigares. Pourquoi la consommation de cigares est-elle moins taxée que celle de cigarettes, alors que leur nocivité, leurs effets sanitaires et leur coût sont exactement les mêmes ? S’agirait- il de ne pas désespérer Bettencourt, pour parodier une célèbre formule ? ».

« Ne pas désespérer Bettencourt … ». Nous voyons bien à quoi veut en venir l’ancienne ministre déléguée aux personnes  âgées (voir Lmdt du 25 octobre), par le biais de cette allusion toute en finesse : au cigare « barreau de chaise », aux riches, aux caricatures de capitalistes … Comme si, pour Michèle Delaunay, le cigare était automatiquement associé à l’image d’un horrible exploiteur et non à celle de Che Guevara. On a les représentations mentales que l’on peut.

Mais quelle méconnaissance des réalités ! Pour savoir de quoi on parle, il suffit de rappeler que le cigare « premium / fait main » (ce que la députée assimile au « barreau de chaise ») représente environ 8 millions d’unités sur un marché global des cigares / cigarillos de 1 milliard 422 millions d’unités (en 2013).

Ce qui signifie que l’immense « majorité écrasante » des  consommateurs du segment des cigares / cigarillos sont … des fumeurs de cigarillos. Il suffit de regarder dans la rue de nos villes et villages, sur les chantiers de construction, à la sortie des ateliers d’artisans, des usines  ou des coopératives d’agriculteurs, sur les boulodromes, dans les ports … pour comprendre que les acheteurs de cigarillos n’ont rien à voir avec des « Bettencourt ».

On peut même préciser que 84 % du marché est représenté par des boîtes de cigarillos dont les prix sont compris entre 6,50 et 7,20 euros.

Michèle Delaunay s’attaque de front, par sa mesure, au 1,4 million de fumeurs, plus ou moins réguliers, de cigarillos. Des fumeurs issus des milieux populaires. Parmi lesquels, un ministre originaire de Lorraine. Des fumeurs qui, soit dit en passant, n’inhalent pas la fumée. Ce qui ouvre un autre débat sur la nocivité. On y reviendra. Pour l’information de Michèle Delaunay et ses collègues.

A suivre.