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26 Juin 2019 | International, Profession
 

Esteli est le berceau de l’industrie du tabac au Nicaragua : un nom que connaissent de plus en plus les aficionados du cigare. Plus de 42 000 personnes y travaillent dans des plantations, séchoirs, centres de traitement et fabriques de cigares.

Récemment, la production nicaraguayenne s’est aussi développée dans le nord, à Jalapa et Condega, et sur les pentes d’Ometepe, la plus grande île du lac Cocibolca (sud).

« Personne n’a des sols aussi propices pour le tabac que le Nicaragua » avec ses terres volcaniques, affirme Nestor Plasencia, vice-président de Plasencia Cigar, un des principaux exportateurs du pays dans un reportage AFP / Capital.

•• À la différence de Cuba, l’industrie du cigare au Nicaragua ne remonte qu’à une cinquantaine d’années, lorsque des entrepreneurs cubains fuyant la révolution castriste de 1959 y ont émigré. « Ma famille a commencé dans le tabac à Cuba en 1865. Aujourd’hui, nous opérons au Nicaragua et au Honduras » poursuit Nestor Plasencia.

L’entreprise familiale, qui exporte 15 millions de cigares par an vers les États-Unis, possède deux fabriques au Nicaragua, où la fin de la guerre civile en 1991 a permis à l’industrie de reprendre progressivement des couleurs.

•• Le Nicaragua compte 70 usines de cigares – avec des capitaux de descendants cubains mais aussi d’investisseurs grecs, italiens ou canadiens – qui produisent pour le compte de plus de 5 000 marques, explique le directeur de la Chambre nicaraguayenne des producteurs de tabac, Wenceslao Castillo. Les Cubains ont transmis aux Nicaraguayens le savoir-faire nécessaire à la fabrication de cigares roulés à la main.

En 2018, le Nicaragua a exporté 140 millions de cigares aux États-Unis, supplantant pour la troisième année consécutive la République dominicaine (95 millions) et le Honduras (75 millions), selon des chiffres de la Cigar Association of America (CAA), cités par M. Castillo.

•• Depuis 2008, les ventes de cigares nicaraguayens ont progressé de 40 % aux États-Unis, alors que les cigares cubains n’ont toujours pas accès au marché américain en raison de l’embargo en vigueur depuis 1962.

Mais pour Wenceslao Castillo, « la force du tabac nicaraguayen, c’est l’attention que nous portons à la qualité, ce qui nous permet d’être aujourd’hui le principal exportateur de cigares premium aux États-Unis ».

•• En 2018, sur les dix premières marques de cigares du classement annuel de la revue spécialisée américaine Cigar Aficionado, six étaient nicaraguayennes.

Quant au « Meilleur cigare de l’année », le « E.P Carillo Encore majestic », il est fabriqué en République dominicaine, mais « avec uniquement du tabac nicaraguayen », précise la revue.

En Europe, où le marché reste largement dominé par les cigares cubains, la revue française L’Amateur de cigares a désigné un cigare 100 % nicaraguayen en 2ème position de son classement 2019 consacré aux cigares non cubains.

•• L’industrie du cigare est l’un des rares secteurs qui ait survécu à la crise politique et économique qui secoue le Nicaragua depuis plus d’un an. « S’il n’y avait pas ces fabriques (de tabac), Esteli serait sûrement déserte », confie à l’AFP Silvia Moreno, 43 ans, qui travaille depuis 21 ans à la production de cigares.