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23 Juil 2020 | Profession
 

• « Merci de nous recevoir, les buralistes sont impatients de savoir ce qu’ils peuvent faire » (Philippe Coy).

• « Il est très important pour nous d’écouter les représentants des buralistes. Nous savons vos attentes sur le CBD » (Robin Reda, député LR de l’Essonne, président de la mission d’information parlementaire sur le thème « de la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis »).

Nous sommes, le 22 juillet en fin d’après-midi, dans l’une des salles d’audition du Palais Bourbon et sous les caméras de la chaine parlementaire.

•• Le moment était attendu.

Dès l’annonce de la mise en place d’une mission d’information parlementaire sur le cannabis, cet hiver (voir 23 décembre 2019 et 2 juillet 2019), la Confédération avait demandé à être auditionnée. D’autant que les députés, cette fois d’accord pour traiter le sujet en profondeur, avait décidé de procéder avec une prudence méthodique laissant augurer quelques résultats concrets.

Méthode : en décomposant ce thème compliqué en trois parties distinctes (cannabis thérapeutique, CBD, cannabis récréatif), ils se sont donné les moyens de travailler en approfondissant leurs sujets et, surtout, d’ éviter les amalgames ou autres pièges dès que l’on aborde ce produit sensible.

Résultats : les 33 députés de la mission (tous groupes et toutes commissions réunis) se sont dit que le sujet du « cannabis » a beau être compliqué, des avancées étaient quand même possible : sur le cannabis thérapeutique qui, par définition, restera dans le domaine médical (et cela avance lentement / voir 17 juin 2020) et sur le CBD où il est urgent de lever le pesant brouillard de l’incertitude juridique.

•• Il y a donc de quoi dire. Et Philippe Coy a attaqué d’emblée : « oui, c’est parce qu’ils sont entrepreneurs responsables que les buralistes sont les premiers à demander un cadre réglementaire sécurisé pour commercialiser le CBD sous toutes ses formes (fleurs à fumer, e-liquides, huiles, etc.).

« Je suis avant tout commerçant et je fais quelque chose qui ne me plait pas … me priver de ventes au nom d’un principe de précaution dont se moquent des CBD shops éphémères qui apparaissent à tous les coins de rue. Pourtant des condamnations dures viennent de tomber. » (voir 22 juillet 2020).

Et Philippe Glory (président des buralistes de Loire-Atlantique, animateur du groupe de travail Avenir Vert à la Confédération) de renchérir :

« On l’a bien vu pendant le confinement avec le nombre de personnes qui sont venues me voir pour me demander si je faisais du CBD … parce que les CBD shops de Nantes étaient fermées. Il y a un marché et, naturellement, les gens s’attendent à trouver du CBD chez nous … »

« Dès lors qu’il est démontré que le CBD ne présente pas les dangers du cannabis, même s’il est issu de la même plante, pourquoi n’avance-t-on pas plus vite dans la réglementation ? Nous nous sommes adressés, à l’époque, tant à Agnès Buzyn qu’à Christophe Castaner … sans réponse » souligne Philippe Coy.

« À nous aussi, les ministres ne répondent pas toujours » soupire Robin Reda.

•• Quoiqu’il en soit, les parlementaires veulent agir. Et les atouts, présentés sur grand écran, de maillage territorial, d’utilité locale, de professionnalisme d’un réseau des buralistes ayant l’habitude de travailler avec des produits sensibles et tracés ne sont pas pour leur déplaire.

Oui, le sentiment était partagé dans la salle : les buralistes seraient légitimes à vendre du CBD, dès que celui-ci sera autorisé officiellement et réglementé sur le marché français.

•• D’ailleurs, au-delà du sujet CBD, les députés ont tenu à saluer particulièrement l’évolution en cours du réseau. En substance : « vous faites quelque chose d’extraordinaire et d’inédit, vous assurez la transformation de votre profession, vous faites preuve d’une incroyable capacité d’adaptation ».

Des félicitations mêlées à des encouragements et exprimées par des parlementaires aux options politiques différentes : de Rémi Delatte (LR / Côte d’Or) à Michèle de Vaucouleurs (Modem) en passant par Ludovic Mendes (LREM / Moselle).

Ce dernier – rapporteur du volet CBD au sein de la mission parlementaire – était d’ailleurs intervenu au dernier congrès des buralistes.

•• Dans la feuille de route que s’est fixée la Confédération – pour arriver à ce que les buralistes puissent enfin vendre du CBD dans des conditions réglementaires sécurisées – une étape importante vient d’être franchie.

Cette démarche responsable prendra encore du temps. Mais elle se déroule sans mettre en danger les contrats de gérance des buralistes.

Et puis, il n’est pas exclu que les parlementaires accélèrent le pas sur le sujet. Comme ils l’ont fait récemment sur la limitation de transport de tabac par les particuliers.