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2 Juil 2014 | Observatoire
 

CannabisComment expliquer l’engouement des jeunes Français pour le cannabis ? Ce sont les plus gros consommateurs d’Europe, juste derrière les Danois, alors que l’Hexagone est l’un des pays les plus sévères en matière de répression de son usage.
Le quotidien Le Monde (dans son supplément Culture & Idées du 28 juin) s’est penché sur le paradoxe, quelques jours avant l’audition de la présidente de la Mildeca devant l’Assemblée nationale sur le plan addictions (voir Lemondedutabac du 30 juin).

41,5% des jeunes de 17 ans en ont fumé au moins une fois (un Français sur trois de 15 à 64 ans) ; 22,4% dans le mois écoulé alors que 5% en font un usage régulier) … Quasi inconnu en France jusqu’au milieu du 19 ème siècle, popularisé dans les années 70, le cannabis s’est installé durablement.

Si la France fait partie des pays peu tolérants pour les fumeurs de cannabis (122 439 interpellations effectuées en 2010), la consommation ne fléchit pas. « De nombreux études comme celles de l’OFDT montrent que l’interdit pénal a peu d’impact sur les usages. La loi est utile, bien sûr, mais plus pour limiter les dommages sociaux de la consommation (accidents de la route, échec scolaire) que pour l’arrêter ou la faire évoluer. Nous avons défendu l’interdiction avec autant de succès que nous avons défendu la ligne Maginot », analyse Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération addiction. Il rappelle que le durcissement des ces dernières années n’a pas eu les effets escomptés : « les études montrent que la priorité donnée, entre 2007 et 2012, à l’application stricte de la loi, avec interpellation renforcée d’usagers et stages payants, a, au contraire, ralenti la baisse d’usage de cannabis chez les adolescents amorcée en 2002 et en 2003 ».

Selon le sociologue Michel Kokoreff, « cette logique de l’interdiction nourrit le goût de la transgression, conférant à l’usager un sentiment de liberté et de défi ». Tom Decorte, professeur de criminologie de l’université de Gand, va dans le même sens : pour lui, la prohibition a échoué en France, parce qu’un gouvernement « ne peut pas protéger les citoyens contre eux-mêmes et contre leurs désirs, comme des enfants ».

Christophe Palle, responsable scientifique de l’Office français des Drogues  et Toxicomanie, estime que « sur la question du droit au plaisir, il existe chez les jeunes adultes un certain rejet des messages de santé publique ou encore des interdits de la police. Pour eux, l’Etat n’a pas à s’immiscer dans ces domaines ». Significatif.