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30 Jan 2016 | Observatoire
 

CannabisLes propositions que Bertrand Dautzenberg doit présenter, ce week-end, sur le « joint sans tabac » (voir Lmdt des 28 et 14 janvier) ne font pas l’unanimité chez ses confrères.
Si l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) demande, par la voix de son président le psychiatre Alain Rigaud, que soit étudiée la possibilité d’une légalisation du cannabis en se déclarant favorable à une dépénalisation de l’usage privé, un membre de l’Académie de médecine s’y oppose, en des termes plutôt crus.

• Dans Le Parisien de ce 29 janvier, le professeur Jean Costentin (toxicologue et président du Centre national de prévention, d’études et de recherches sur les toxicomanies), fulmine contre son confrère avec qui il était jusqu’alors en accord dans la lutte contre le tabagisme : « Les jeunes démarrent de plus en plus tôt leur consommation de tabac et, quand l’addiction est installée, une proportion notable d’entre eux y adjoignent la résine de cannabis. A la toxicité du tabac s’ajoute alors celle du cannabis (…)
« M. Dautzenberg sait cela, mais il n’en tient pas compte quand, pour réduire la consommation du tabac, il envisage de la transférer sur celle du cannabis. Ces jeunes gens, mais aussi des sujets plus âgés, ne sont pas dans le choix entre tabac ou cannabis, mais dans l’association des deux. Soit qu’ils les consomment simultanément en faisant des joints ou bien alternativement, la succession de cigarettes du seul tabac étant ponctuée de quelques pétards (…)
« La légalisation d’une drogue ne calme pas les sujets transgressifs. Elle les contraint surtout à effectuer la transgression au niveau d’une drogue encore plus dure (…) M. Dautzenberg devra bientôt faire part de ses préférences. On peut imaginer que sa logique cloisonnée lui fera choisir celles qui ne se fument pas ».

• Même tollé du côté du professeur Bernard Debré (chirurgien urologue et député LR) : « c’est à se taper la tête contre les murs. Qu’un scientifique nous dise cela, c’est absurde. Si nous voulons faire diminuer la consommation, c’est sur la prévention qu’il faut mettre l’accent. Les enfants doivent savoir pourquoi le cannabis est interdit et il doit le rester ».