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19 Fév 2016 | Observatoire
 

Gaspard KoenigL’écrivain et patron du think tank « Génération libre » pourfend « cette France qui meurt de ses interdits ». Il l’a démontré en défendant la cigarette électronique, le droit de fumer, le paquet « pas neutre » (voir Lmdt des 19 et 17 juillet, 21 mars 2015 ainsi que du 2 octobre 2014). Dans un « Libre propos » des Échos du 17 février, Gaspard Koenig prône la légalisation du cannabis. Une question de principe. Extraits

« On a sous-estimé la portée psychédélique de ce remaniement. Non seulement les intitulés des nouveaux secrétariats d’État témoignent d’une longue nuit de fumette chez les conseillers de la présidence, mais deux avocats historiques de la légalisation du cannabis font leur entrée au gouvernement : Jean-Michel Baylet et Jean-Vincent Placé (voir Lmdt du 14 février). Interrogée à ce sujet, leur collègue aux Droits des femmes, Laurence Rossignol a déclaré le débat « ouvert » (…)

« Après le Colorado, Washington, l’Oregon, l’Alaska et l’Uruguay, et avant le Canada ou la Californie, la France ? Il serait temps. Selon l’OFDT, il atteint aujourd’hui 4,6 millions dont 700 000 usagers quotidiens. La moitié des jeunes reconnaissent avoir essayé (…)

« C’est d’abord une question de principe. Chacun doit pouvoir suivre sa définition de la vie bonne. Qui suis-je, qui sommes-nous pour imposer aux autres nos propres choix moraux, aussi respectables fussent-ils ? Pourquoi ne pas admettre que le cannabis peut soulager les maux de l’âme comme du corps (les restrictions qui pèsent encore en France sur son usage thérapeutique sont criminelles) ? Par quelle hypocrisie collective avons-nous distingués les drogues acceptables, valorisées socialement (…) et les drogues honteuses qui feraient perdre la tête ? (…)

« Mettons néanmoins de côté les libertés individuelles si mal vues par nos dirigeants et adressons-nous à leur pragmatisme. L’hygiéniste le plus endurci devrait reconnaître que la légalisation du cannabis, en permettant le contrôle des produits et l’amélioration de la prévention aurait des conséquences positives sur la santé publique (…) Le comptable le plus aride devrait se réjouir qu’au lieu de gaspiller 500 millions d’euros par an en dépenses répressives inefficaces, l’Etat récupère dans ses caisses 1,5 milliard d’euros de Tva (…)

« Bien entendu, la législation ouvre de nouvelles questions : faut-il passer par un monopole public sur le modèle uruguayen (voir Lmdt du 21 mars 2014) ou laisser le marché libre comme au Colorado ? (voir Lmdt du 10 janvier 2015). Quel sera le niveau de taxation idéal pour décourager la contrebande sans inciter outrageusement à la consommation ? A l’heure du paquet neutre, quelles (contre-)indications le législateur devra-t-il exiger sur les emballages de « space cakes » ?

« Autant de débats qui animeront le Conseil des ministres. Espérons que le cannabis soit en vente libre avant mai 2017, où nous en aurons bien besoin ».