Le « magnat des machines à sous », Gérald O’Reilly, reconverti dans la contrebande de tabac, n’échappera pas à la prison, malgré ses 81 ans. Au terme d’un long procès à Montréal, il a écopé, le 1er juillet, avec ses complices, d’une peine de cinq ans de prison pour fraude, complot, gangstérisme et recyclage des produits de la criminalité (voir Lemondedutabac du 12 avril).
Cette procédure permet de confirmer comment une politique anti-tabagique déséquilibrée (fiscalité excessive, suppression des linéaires, etc.) débouche sur la prise en main du marché parallèle par des réseaux mafieux pour lesquels le tabac est devenu une activité de choix.
Spécialisé dans la contrebande de tabac entre le Québec et la Nouvelle-Écosse, le clan O’Reilly a écoulé 473 cargaisons de cigarettes entre de juillet 2006 à février 2008. Les cigarettes étaient fabriquées dans les territoires autochtones de Kahnawake et Akwesasne et étaient expédiées en Nouvelle-Écosse par camion réfrigéré. Ceci, afin de masquer l’odeur. L’argent circulait ensuite en sens contraire, caché dans des boîtes de savon.
« Les accusés ont privé les gouvernements de revenus appréciables. Même si l’on tente de minimiser la gravité du crime, il y a un aspect choquant puisque d’honnêtes citoyens qui paient régulièrement leurs impôts se voient indirectement lésés par des pertes de revenus gouvernementaux » a noté la juge dans sa décision.
Et de considérer que l’organisation était strictement criminelle : « elle était bien rodée : avec des fournisseurs attitrés ; des rencontres effectuées souvent au même endroit ; les transports dans des camions réfrigérés avec des arrêts à différents entrepôts où on mettait les cigarettes entre deux autres cargaisons pour les dissimuler davantage ; les conversations téléphoniques en langage codé ; l’envoi d’argent comptant provenant de la contrebande dans des boîtes de savon et par la suite introduits dans des guichets automatiques. On peut parler de structure, planification et d’organisation ».
Le magnat a, bien sûr, fait appel.