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À ce jour, l’euphorie liée à la légalisation du cannabis en octobre 2018 semble être retombée au Canada. Le marché apparaît désormais pour ce qu’il est : un secteur porteur … mais à long terme, selon un grand article du Monde (édition 31 décembre). En attendant le marché noir continue de prospérer.

Plusieurs facteurs exogènes expliquent le démarrage difficile du secteur (voir 13 juillet 2019).

•• Pour écouler le cannabis légal, les magasins sont inégalement répartis sur l’ensemble du territoire et leur nombre global est très en deçà des objectifs.

L’état de l’Alberta (4 millions d’habitants) en a ouvert 300 en un an ; l’Ontario, avec ses 13 millions d’habitants, seulement 25. « Nous situons notre chiffre magique à un magasin pour 10 000 habitants » précise Adam Greenblatt, porte-parole de Canopy, géant mondial installé dans l’Ontario (voir 16 juin et 27 juillet 2019).

Si toutes les entreprises disposent d’un service de commande en ligne, elles attendent donc désormais une accélération des ouvertures des points de vente.

•• En attendant de pouvoir trouver un « dépanneur de cannabis » à chaque coin de rue ou presque (dépanneur étant le nom local donné au détaillant de tabac / ndlr), Statistique Canada estime que 60 % de la consommation se fait toujours de façon illégale (82 % au Québec selon SQDC).

Une concurrence toujours vive liée à la différence de prix proposé aux consommateurs : taxe d’accise, taxe sur le revenu des sociétés productrices, taxe de vente … autant de poids sur le prix du cannabis légal, forcément.

•• La légalisation n’a pas, non plus, fait exploser le nombre de consommateurs comme l’escomptaient des industriels du secteur. Selon l’enquête nationale sur le cannabis, le pourcentage de canadiens de 15 ans, et plus, affirmant avoir consommé du cannabis est resté quasiment stable entre le deuxième trimestre 2018 et le deuxième trimestre 2019, passant de 15,6 % à 16,1 %.

•• Autre facteur : le maquis des réglementations, différentes selon les provinces et territoires canadiens, ne facilite pas la tâche des entreprises. Au Québec, par exemple, le gouvernement a choisi de reculer l’âge légal de la consommation à 21 ans et restreint la gamme des futurs produits comestibles bientôt autorisés à la vente (voir 3 août). Ce n’est pas le cas dans les autres états.

•• L’industrie du cannabis emploie près de 9 000 personnes dans tout le Canada. « L’effervescence des débuts a laissé la place à ceux qui veulent construire un business sur le temps long » assure Adam Greenblatt. « Alors que certains états américains sont déjà plus en avance que nous, nous attendons la légalisation au niveau fédéral d’ici à cinq ans. En Europe, la Grande-Bretagne, l’Irlande, la France commencent à envisager l’usage du cannabis thérapeutique … » poursuit-il.

•• Le marché canadien connaît certes des ratés mais les entreprises nationales veulent croire qu’il s’agit là d’un passage obligé pour s’implanter sur toute la planète.