Au cœur de l’été, quotidiens et hebdomadaires s’adonnent au plaisir traditionnel du « feuilleton de l’été ». Un exercice de « politique-fiction », issu des réalités politiques actuelles qui se retrouvent projetées à court terme, sur fond de dialogues malicieux et de quelques traits de caractère bien sentis.
L’hebdomadaire Valeurs Actuelles (dont la diffusion payante frôle les 100 000 exemplaires, d’après l’OJD, suite à un bond en avant de 11% de ses ventes par rapport à 2010, ce qui est exceptionnel par ces jours) n’échappe pas à la tradition avec « Mai 2015, Le grand soulèvement », signé par un familier du genre, André Bercoff.
Et les buralistes y sont mis en scène, dans l’édition de cette semaine, au détour du 2ème épisode (extrait, nous sommes le 12 mai 2015).
12h30, bar-tabac « Le Jardin », Valence (Drôme). Le patron attrape la bouteille de pastis et refait le plein. L’un des consommateurs tire sur sa cigarette électronique, une vapeur aux senteurs de pain d’épices s’élève :
– Profites-en bien, coco, bientôt ce sera interdit.
– Pfff, n’importe quoi !
– J’ai reçu un courrier des Douanes, il y un projet de loi qui va réglementer ton machin. Pareil que pour la clope: taxe et interdiction de vapoter dans les bars et lieux publics.
– Putain. Font chier …
– Ah ça, mais ne te plains pas, je suis niqué moi aussi. Les cigarettes électroniques ne pourront plus être vendues dans les bureaux de tabac, ce sera en pharmacie et point barre. Depuis un an que j’ai aménagé un rayon, je fais un carton. Moi, je vous le dis, s’ils font ça, je baisse le rideau et je serai dans la rue !
Un client intervient :
– Tu devrais rejoindre la nouvelle association des commerçants du département, elle s’appelle justement « On ferme ».
– Ouais, ouais, j’ai lu un truc sur eux dans « Le Dauphiné », et ils ont l’air de se bouger … En tout cas, le syndicat des buralistes est vent debout, on va sûrement faire une journée sans tabac ! Il n’y a pas que les cheminots et les intermittents qui peuvent foutre le bordel. On va tous y aller.
– Ça promet, remets un coup, va !