Une fenêtre sur l’actualité quotidienne de tous les événements liés directement ou indirectement au tabac
12 Oct 2019 | Profession
 

Suite au congrès des buralistes (voir Lmdt des 10 et 11 octobre), et avant l’ouverture des portes de Losangexpo (voir Lmdt du 6 octobre), Le Figaro publie un article que nous reproduisons intégralement.

« Les buralistes veulent réduire leur dépendance au tabac. Confrontés depuis des années à la chute des ventes légales de cigarettes, ils se remettent, enfin, en cause. En vingt ans, le volume de ventes de tabac dans les civettes françaises a fondu de 50 %, sous l’effet des politiques antitabac et des hausses de prix imposées par le gouvernement. Pis. Ces dernières ont entraîné la fermeture de 10 000 bureaux de tabac, notamment ceux situés dans des régions frontalières des pays où le paquet est moins cher.

•• « Si les hausses de prix ont dopé les revenus liés au tabac (pour les buralistes, l’État et, jusqu’à récemment, les cigarettiers), la baisse de fréquentation des civettes inquiète les professionnels.

« Élu il y a deux ans à la tête de la Confédération des buralistes, Philippe Coy a rompu avec la stratégie de ses prédécesseurs, qui se limitait à conspuer les politiques antitabac et à réclamer des aides. « L’heure n’est plus à la protestation. L’avenir ne sera pas le passé » assure Philippe Coy. « La profession a toujours tout focalisé sur le tabac. Nous serons toujours des buralistes, mais pas seulement. Notre réseau reste fier de nos racines, mais doit-on mourir de sa fierté ? Si nous nous adaptons, nous pouvons aborder sereinement les difficultés. »

•• « Ce vendredi, lors du congrès des buralistes qui se tenait à Paris, la Confédération a présenté un plan de transformation des 24 500 bureaux de tabac. Non loin du conclave, une civette témoin préfigure le changement. Sur la façade, les logos de la FDJ, du PMU, de La Poste, de la RATP ; à côté de la porte, la liste de ce qu’on pourra acheter : vape, snacking, loisirs, services…

« Bienvenue chez un « commerçant d’utilité locale », dénomination choisie pour les civettes de nouvelle génération. La célèbre carotte rouge a été relookée et privée de la mention « tabac ». Une révolution, car le tabac représente 60 % à 90 % des revenus d’un buraliste. « Dans dix ans, ce pourcentage pourrait tomber à 50 % » avance Philippe Coy. La Confédération suggère de transformer les civettes en y installant un « bar à vape » pour e-cigarettes, un comptoir multiservice (vente de timbres) et, à l’entrée, un présentoir d’offres du moment (produits locaux, clés USB …).

•• « Pour mettre en œuvre ce virage symbolique, le patron de la Confédération mise sur le renouvellement des buralistes. 1 750 bureaux de tabac changent de mains chaque année. Les nouveaux savent qu’il est nécessaire de miser sur la proximité, en proposant un commerce à la fois moderne et diversifié. « Nous avons oublié d’être commerçants alors que nous accueillons 10 millions de Français par jour » reconnaît Philippe Coy. 41 % des buralistes se situent dans des communes de moins de 3 500 habitants. Parfois, ils en sont le dernier commerce.

« Les bureaux de tabac proposent déjà une quinzaine d’activités différentes : jeux d’argent en partenariat avec La Française des jeux et le PMU, presse, dépôt de pain, fleuriste parfois … On peut ouvrir un compte bancaire (Nickel) dans un bureau de tabac, comme boire un verre (60 % d’entre eux ont un bar). « 42 % des visiteurs ne viennent pas pour acheter du tabac » fait-il remarquer. « Un tiers des clients, déjà, font un achat d’impulsion (snacking, jeux …). »

•• « Objectifs de la Confédération : que les buralistes capitalisent sur ces activités existantes et qu’ils en développent de nouvelles. Élargir l’offre de snacking est l’un des chantiers prioritaires. « La Confédération s’est adjoint les services de Serge Papin, ex-président de Système U. « Le réseau réalise au moins 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires » déclare Serge Papin. « Les buralistes sont en train de prendre conscience de leur force, qui va au-delà du débit de tabac. Selon les points de vente, il y a de la place pour du prêt-à-manger. Pourquoi pas en partenariat avec un groupe de restauration collective, qui livrerait des commandes ? ».

•• « Je veux que nous devenions le drugstore des Français » insiste le président de la Confédération des buralistes. Déjà, 1 100 bureaux de tabac sont des relais de La Poste. À partir de 2020, les particuliers pourront payer en liquide ou par carte bancaire leurs impôts, leur facture de cantine scolaire ou d’hôpital dans un bureau de tabac. On peut déjà y acheter un timbre fiscal, régler ses amendes et, depuis juillet, un billet de TGV.

« Si le réseau change d’enseigne et fait disparaître le mot « tabac » de la carotte, c’est à la demande du ministère de l’Action et des Comptes publics. En dépend l’accès à un fonds de transformation de 80 millions d’euros. Ce fonds est en place jusqu’en décembre 2021, pour permettre, en priorité, de développer l’offre hors tabac. Mais chaque buraliste est un indépendant, libre d’opter ou non pour cette nouvelle identité. »