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1 Fév 2017 | Observatoire
 

Marisol Touraine a assuré sur RTL que la consommation a chuté « drastiquement » en décembre dernier pour la première fois depuis des années (voir Lmdt des 31 et 28 janvier). Les Echos.fr s’est prêté à l’exercice dans sa rubrique « Le vrai du faux » et s’est donné le mal de décortiquer les chiffres. Voici l’essentiel de son analyse (abondée de plusieurs commentaires de notre part).

 « La consommation » aurait « baissé de 15 % en décembre » par rapport au même mois de l’année précédente. En réalité, ce sont les « ventes » des fabricants auprès des buralistes que l’on mesure avec ce chiffre (voir Lmdt du 17 janvier), ce qui est très différent.

Ces ventes peuvent parfois chuter sans que la consommation réelle ne baisse effectivement : à cause des ventes transfrontalières ou des trafics (voire de la simple inertie du marché réel par rapport aux livraisons), etc.

 Au mois de décembre 2016, les ventes de cigarettes aux buralistes ont donc baissé de 14,3 %, à jours de livraison constants, par rapport à décembre 2015 ; et celles du tabac à rouler de -6,9 %.

Alors que le reste de l’année s’inscrivait dans une tendance positive, 2016 se boucle finalement avec une baisse mais à un rythme global beaucoup plus faible que sur ce seul mois de décembre : -1,6 % pour les cigarettes, -0,4 % pour le tabac à rouler.

• Il faut remonter à septembre 2013 pour retrouver un recul mensuel comparable, et d’ailleurs moindre, à -13,3 % pour les cigarettes, et -5,9 % pour le tabac à rouler. Mais les prix avaient alors crû de + 17 %, en moyenne, du fait d’une hausse simultanée des taxes spécifiques et de la TVA.

• Alors que les prix n’ont pas bougé d’un iota, Marisol Touraine met en avant l’initiative « Moi(s) sans tabac » de novembre au cours de laquelle 180 000 personnes ont exprimé leur désir de s’arrêter de fumer sur le site internet de l’agence Santé Publique France. Le forfait de 150 euros de remboursement des patchs de sevrage a été étendu simultanément à tous les publics pour marquer le coup.

(Mais comme on vient de le voir plus haut, il n’est rien de moins sûr que cela se soit traduit par un impact immédiat sur les livraisons auprès des buralistes).

• Par ailleurs, avec la généralisation du paquet neutre, il est également possible que les buralistes aient passé tout simplement moins de commandes de tabac en décembre, sachant qu’à partir de janvier ils n’auraient plus le droit d’écouler leurs stocks de paquets non-conformes.

(La grande majorité des buralistes est restée prudente, même s’ il y a une procédure de reprise. D’autant que les délais de remboursement ne sont pas sans poser des problèmes de trésorerie / voir Lmdt du 24 janvier).