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24 Oct 2015 | Observatoire
 

Addiction travailLa consommation de produits psychoactifs (médicaments psychotropes, cannabis, alcool, tabac) au travail est loin de concerner quelques cas isolés. C’est ce que met en lumière un sondage réalisé par BVA pour la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Midelca), publié à l’occasion de la « Journée nationale de prévention des conduites addictives en milieux professionnels », ce jeudi 22 octobre.

Réalisé en 2014 par téléphone auprès de 605 dirigeants, encadrants et personnels RH, ainsi qu’auprès de 253 représentants du personnel ou syndicats du secteur privé et public, le sondage révèle que 91% des personnels interrogés estiment que des salariés de leur entreprise consomment au moins un produit psychoactif tel que l’alcool, le tabac, des médicaments ou du cannabis. 85% des sondés se disent préoccupés par la consommation de ces produits par leurs employés.

Sans surprise, l’alcool est vu comme la consommation la plus à risque (pour 72% des sondés), car ayant le plus de répercussions sur l’activité. La consommation de cannabis au travail, en revanche, semble être sinon moins préoccupante, du moins mieux tolérée : 10% des personnels interrogés recensent ainsi des usagers de cannabis dans leur milieu professionnel. Pas de résultat concernant le tabac, peu susceptible il est vrai de perturber une activité professionnelle ou les relations intra-entreprises.

Selon Gladys Lutz, présidente de l’association «Addictologie et Travail», ces personnes « ne sont pas toxicomanes mais, pour tenir au travail, bien dormir la nuit ou booster leurs performances, ceux qu’on appelle « les dopés du quotidien » n’hésitent pas à consommer des substances addictives. Parfois au bureau, une à plusieurs fois par jour, et plus ou moins en cachette. Une consommation qui se banalise et inquiète les médecins et chercheurs sur ce véritable problème de santé publique ».

« Il n’est pas question d’instaurer la police des mœurs au sein de l’entreprise, mais de voir quels sont les bons programmes de prévention car cela concerne tout le monde », note Danièle Jourdain Menninger, directrice de la Midelca, « jusqu’à présent les politiques qui étaient menées, c’était plutôt la sanction, beaucoup le déni et le tabou. Or, il apparaît que si on se focalise sur les sanctions, personne ne parle de ses consommations (…) Il faut pouvoir aborder le sujet avec les salariés sans que l’on soit dans la crainte ou le déni. On voudrait aussi que le sujet soit discuté lors des négociations de branches ».

Entre mal être au travail et addictions, il y a un vrai sujet. Et le paquet neutre de Marisol Touraine s’avère, sur ce point, complètement à côté de la plaque.